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Depuis le début des manifestations, le 22 février, les Algériens de France sont de plus en plus nombreux à traverser la Méditerranée pour participer au mouvement sur place.

Depuis un mois, les vols Paris-Alger du jeudi soir affichent complet. D’ordinaire, les passagers sont des hommes et des femmes d’affaires, des résidents français rendant visite à leur famille ou de simples touristes. Ces dernières semaines, un autre type de voyageur s’est ajouté. Pour certains Algériens installés en France, afficher son soutien depuis l’étranger à la contestation qui secoue leur pays ne suffit plus : il faut être sur place, dans la rue, le vendredi. Qu’ils soient des militants engagés de longue date, des citoyens sensibles au réveil du peuple ou de simples curieux, ils sont nombreux à rentrer en Algérie, le temps d’un week-end, pour prendre part à ce moment historique.

Tahar, 31 ans, est consultant en informatique dans un cabinet de conseil à Paris. Résidant français depuis 2012, il fait partie des 760 000 Algériens qui vivent en France, selon l’Insee. Au lendemain de la première grande manifestation contre une candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le 22 février, il s’est décidé à acheter un billet Paris-Alger pour le vendredi suivant, le 1er mars, flairant que c’était « le début de quelque chose de grand ». Dans l’avion et dans les rues d’Alger, il a retrouvé des connaissances parisiennes, qui, comme lui, font cette démarche avant tout « sentimentale ». Alors que le régime lâche du lest mais que la contestation ne faiblit pas, Tahar a encore « posé son vendredi » 22 mars, et annonce : « J’y retournerai dès que je peux. »

Avant de se rendre sur place, Sanhadja Akrouf, une des responsables de l’association Agir pour le changement et la démocratie en Algérie, était, elle, tous les dimanches, place de la République, à Paris, pour relayer les slogans entendus en Algérie et montrer le soutien de la diaspora algérienne de France.

Pour cette fonctionnaire du ministère français de la justice, le voyage vers Alger et la participation à la contestation sont avant tout une « thérapie ». Elle a participé aux manifestations d’octobre 1988 qui ont ébranlé le pays, mais elle en garde un « souvenir douloureux, une cicatrice » et rappelle amèrement que, à l’issue de ce mouvement, « les islamistes ont gagné ». Parlant volontiers d’échec de sa génération et pour ne pas rester sur sa déception de jeunesse, elle tient à participer à ce moment qui va, elle en est sûre, « changer le cours de l’histoire de ce pays ».

(…) Le Monde

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