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On vous a vu sur des terrains hostiles comme la Bosnie, l’Afghanistan, la Libye, la Géorgie. Pourquoi l’Europe vous intéresse-t-elle aujourd’hui?

Parce que l’Europe est devenue un terrain hostile à sa manière. Je crois qu’il y a aussi le feu à la maison Europe. Lorsque je regarde en arrière et que je me demande ce qui n’a pas marché, je me dis que finalement, ma génération, les suivantes, ont pêché par paresse, c’est-à-dire par optimisme. Il y a eu, depuis une cinquantaine d’années, une sorte d’optimisme historique qui fait que nous pensions, et que nous pensons toujours, que l’Europe, quoi qu’il arrive, se fera. Et qu’elle est tellement inscrite dans l’Histoire, qu’elle ira au bout nécessairement.

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Ce n’est pas difficile de savoir que l’entrée dans l’Union européenne a toujours signifié, pour l’immense majorité des citoyens, une hausse très considérable de leur niveau de vie. L’Europe est une source de prospérité. Nier cela, c’est entretenir le révisionnisme et les “fake news”.

La vérité, c’est aussi que l’Europe est loin d’être ce corset qu’on l’accuse d’être. Elle est loin d’être cette bureaucratie soviétique que les ennemis de l’Europe, les lepenistes, les wildersiens, les anti-européens flamands vous disent. L’Europe a été, au contraire, une grande pourvoyeuse de droit.

Malheureusement, les gens ne veulent pas toujours savoir, c’est pour ça que les “fake news” se répandent. Car l’ignorance nourrit d’autres passions fondamentales: la haine, le ressentiment, le désir de casser, le désir de se suicider.

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Dans une lettre que vous avez publiée dans Libération aux côtés de 30 écrivains, dont des prix Nobel, vous parlez du populisme. Comment détourner leurs sirènes et faire entendre raison à ceux qui, comme vous dites, préfèrent ignorer?

Plusieurs moyens. Par exemple, quand cette population-là vote pour le pire, le racisme, l’antisémitisme, la haine, quand ils sont encore minoritaires, je pense qu’il faut leur dire: on ne tiendra pas compte de ce que vous dites.

Et si cet électorat devient majoritaire…

Quand Jean-Marie Le Pen était à 20-25%, quand le parti communiste était au même niveau, j’étais partisan de leur dire à tous les deux: “Il n’y a pas de réponse à la question que vous posez. On n’y répondra pas.

N’est-ce pas cela justement qui alimente le ressenti d’une frange de la population: quoi qu’ils disent, ils savent que leur voix ne comptera pas…

Je ne crois pas. Je crois que c’est le contraire. Tant qu’on a qu’on a dit aux gens du Front national: “Il n’y aura pas d’alliance, vous ne serez pas au gouvernement, votre vision du monde ne sera pas prise en compte“, les gens ont tout de même hésité à voter pour eux.

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… vous parlez des gilets jaunes…

Par exemple. Il faut que ces gens-là sachent qu’ils se mettent au ban de la République. Même s’ils sont nombreux.

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L’entretien dans son intégralité sur L’Echo

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