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De l’esclave enchaîné au jazzman libéré. L’exposition “Le modèle noir de Géricault à Matisse” à partir de mardi au Musée d’Orsay raconte comment a évolué la représentation des Noirs dans la peinture, une fresque qui suscite surprises et émotions sur un sujet délicat.

C’est une des expositions majeures de l’année à Paris: 300 oeuvres, 73 peintures, 81 photos, 17 sculptures, 60 oeuvres graphiques, 70 documents disent la lente conquête d’une reconnaissance, des Noirs des Antilles à ceux de l’Afrique. […]

«Ce sujet sociétal, politique, touche la France d’aujourd’hui, et notre histoire. Nous avons voulu accompagner les oeuvres de toutes les explications nécessaires», explique à l’AFP Laurence des Cars, présidente du musée d’Orsay. Elle espère attirer les jeunes générations et a noué une collaboration avec l’Education nationale.

Dans le cadre de ce programme, des professeurs d’éducation artistique ont interrogé quelque 300 élèves d’Ile-de-France: “Qui sont nos modèles communs aujourd’hui?” 40 peintures, photographies, collages d’élèves d’Arcueil, Drancy, Nemours et Paris constituent leurs réponses, exposées en marge de l’exposition.

Géricault, Manet et Matisse, trois peintres engagés au début, au milieu du XIXe siècle et au début du XXe siècle contre la discrimination, dominent l’exposition: «Ce sont trois temps différents et trois grands repères qui en donnent la chronologie», relève Mme des Cars. […]

Le poète et rappeur Abd Al Malik contemple un tableau de Puvis de Chavannes, “Le jeune Noir à l’épée”: «J’ai ressenti une émotion pure et je me suis reconnu en lui, je suis le jeune noir à l’épée», confie-t-il à l’AFP à l’occasion d’une visite de presse.

En face, une toile de Marcel Antoine Verdier, “le Châtiment des quatre piquets”, résume la cruauté cynique de l’esclavage: un maître blanc cigarette à la main regarde indifférent un homme noir attaché aux quatre fers et fouetté par un autre homme noir.

En 1868, vingt ans après la Révolution de 1848, la toile de Paul Cézanne “le Noir Scipion”, représentant un homme prostré, montre bien que l’abolition n’a pas supprimé l’oppression.

Soixante ans plus tard, en 1930, le gracieux “Joueur de mandoline” d’André Derain exprimera au contraire une vraie émancipation d’un jeune homme noir. […]

ARTE

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