L’ONG allemande Sea-Eye se lance dans un nouveau projet : le Space-Eye. Objectif : utiliser les images satellites d’une société privée pour alerter sur la présence de migrants en détresse au large de la Libye, et documenter d’éventuelles violations des droits de l’Homme.
Après les navires humanitaires et les avions de reconnaissance qui sillonnent les côtes libyennes à la recherche d’embarcations de migrants en détresse, Sea-Eye s’intéresse désormais aux images satellite avec un nouveau projet, Space-Eye. L’ONG allemande vient de signer un contrat avec Planet, une société privée américaine de fournisseur d’images satellites, afin de surveiller les côtes libyennes.
Les images satellites fournies permettront à Sea-Eye d’alerter les ONG présentes au large de la Libye ou le MRCC italien et maltais, lorsqu’un navire est en difficulté.
Mais ce n’est pas la seule mission que s’est donné Space-Eye. L’ONG cherche aussi à recenser les canots qui n’ont pas pu être secourus ; comment ? En comparant les images satellites actuelles à celles plus anciennes. En effet, Planet peut fournir des images remontant sur plusieurs années, qu’elle garde en stock.
“On veut ainsi vérifier si Frontex [garde-côtes européens, ndlr] vient secourir les migrants ou non lorsqu’ils reçoivent un appel de détresse. On a des doutes. Avec les images satellites et les signaux émis par Frontex, on pourra y voir plus clair”, assure à InfoMigrants Hans-Peter Buschheuer, chargé de la communication de Space-Eye.
La zone de surveillance définie englobe 4 500 kilomètres, au large des côtes libyennes. Elle s’étend sur 100 km de long et 30 km de large, au plus près de la région où les départs sont les plus importants.
Pour l’ONG ce projet est nécessaire car la politique européenne actuelle les inquiète. En effet, l’Italie n’accueille plus aucun navire sur son sol depuis l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini l’année dernière. Pire, les navires humanitaires sont régulièrement maintenus à quai dans les ports européens. « On pense qu’à terme il n’y aura plus aucun navire humanitaire dans la zone et que les avions comme le Moonbird seront cloués au sol. Les images satellites seront le seul moyen de surveiller ce qu’il se passe le long des côtes libyennes », précise encore Hans-Peter Buschheuer.
Space-Eye espère publier un rapport sur d’éventuelles violations des droits de l’Homme au large de la Libye dans les prochains mois.