Lors de la convention nationale du MJS à Lille, une résolution visant à convertir le mouvement des jeunes socialistes à un “féminisme intersectionnel” soucieux de ne pas “exclure les femmes voilées” a fait l’objet de vifs débats. Preuve que la question de l’universalisme n’a pas fini de diviser au sein des mouvements de gauche.
A gauche, la discussion est devenue inévitable. Après avoir provoqué des oppositions marquées au sein du Planning familial, de la Ligue des droits de l’Homme, d’Act-Up ou de manière plus spectaculaire à l’Unef, le conflit entre universalisme et intersectionnalité s’est invité au Mouvement des jeunes socialistes (MJS), le week-end dernier à Lille lors de sa convention nationale. Venus pour élire une nouvelle direction et tourner la page de la récente crise qui a laissé le MJS exsangue, les militants ont passé une bonne partie de leur temps à s’écharper autour du “féminisme intersectionnel“. Une résolution, présentée par la fédération du Var, a en effet proclamé la nécessité pour le MJS de “reconnaître le féminisme sous toutes ses formes : dans les luttes antiracistes, pour les droits LGBTQI+, dans les sphères publiques comme privées, bref un féminisme intersectionnel“. Et critiqué sévèrement le féminisme universaliste, qualifié de “paradigme unique et vieillissant voulant que toutes les femmes soient les mêmes, invisibilisant ainsi tous parcours et toutes opinions qui diffèrent d’une certaine norme“. Evoquant “toutes les visions de cette liberté, y compris celles que nous ne partageons pas à titre individuel“, le texte appelle les Jeunes socialistes à “ne pas exclure de nos luttes les femmes voilées et ainsi contribuer à leur marginalisation“. Une vision qui n’a pas du tout plu aux partisans d’une ligne laïque et universaliste, inquiets de la dérive identitariste de cette nouvelle forme de féminisme qui proscrit de fait la critique du voile islamique, la confondant avec une discrimination à l’encontre des femmes qui l’arborent. (…)