La Fondation Espérance Banlieues, dont notre gazette avait parlé il y a quatre ans, est depuis quelques semaines l’objet d’un audit, demandé par l’organisme qui l’abrite et l’a fondé, la Fondation pour l’école. Cette dernière soutient depuis 10 ans les initiatives scolaires et le principe de liberté scolaire, face à un État dont la tradition est peu encline à respecter le droit des parents à éduquer leurs enfants comme bon leur semble. Si la Fondation Espérance banlieues fut au départ une sorte de vaisseau amiral de l’organisation fondée et dirigée par Anne Coffinier, le torchon brûle désormais entre deux partis dont les intérêts sont aujourd’hui divergents. […]
Peut-on décemment faire porter sur des enfants, mahométans ou non, la responsabilité de la venue parfois illégale de leurs parents, ou l’absence criante de leur assimilation dans laquelle la République a joué un rôle terrible ? Si la fermeture des vannes migratoires, voire la remigration, sont désirables, il n’est pas envisageable, en l’état, et certainement pas chrétien, de décider que les enfants des immigrés n’ont pas droit à une éducation correcte. Pire, cela les condamnerait à la stupidité et n’aurait d’autre résultat, bien connu déjà, que de les précipiter dans la délinquance où ils trouvent une autre forme de respectabilité sociale, s’intègrent à une société parallèle où ils prennent part au marché et à la consommation à travers l’économie souterraine.
Il est compréhensible, en revanche, qu’on se demande pourquoi les enfants d’immigrés devraient être aidés en priorité sur les autochtones qui subissent tout autant, et sans recevoir des financements de commisération, la décrépitude totale de l’école républicaine. Si les raisons de communication pouvaient expliquer ce calendrier un peu curieux, les choses ont changé depuis : la Fondation Espérance ruralités a vu le jour, se proposant de venir au secours des populations défavorisées en province, souvent bien plus délaissées par les pouvoirs publics que celles qui occupent le pourtour des périphériques de nos grandes villes. L’idée en soi ne paraissait donc pas mauvaise, et pouvait même relever d’une stratégie efficace de conquête de l’opinion. Encore eût-il fallu ne pas dénaturer l’œuvre « Espérance banlieues », de bien des manières, comme le firent les instances dirigeantes. Tout d’abord, en cédant à la tentation bien compréhensible de s’adapter à la population, alors qu’il eût été préférable de continuer sans faillir d’exiger que les élèves s’adaptassent aux codes de la France qui les accueille. Que ce soit par le port d’un uniforme « adapté », le pull à capuche, marqueur habituel des banlieusards, ou encore par des chansons à destination de Maitre Gims, saltimbanque notoirement haineux envers les blancs. Ces compromis, si apparents soient-ils, témoignent d’une adaptation qui frôle la soumission, et montrent bien que l’on n’assume pas de vouloir tourner le regard des élèves vers des réalités artistiques de plus grande valeur, mais aussi et surtout que la sous-culture urbaine, bien médiocre pourtant, est toujours une référence […]