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  • Abdelkader Merah est jugé en appel par la cour d’assises de Paris. En première instance, il avait été acquitté des faits de « complicité »
  • Ce jeudi, sa mère est venue le défendre à la barre de la cour d’assises.

Évidemment provocatrice, la question a fusé après deux bonnes heures d’audition : « N’êtes-vous pas finalement qu’une fabrique à terroristes ? », a interrogé un avocat qui défend une famille de victimes. Zoulikha Aziri a légèrement tangué à la barre avant de répondre. « Faut pas toucher à la famille ! Faut pas dire ça ! S’il vous plaît. Ça reste ma famille. C’est une famille comme tout le monde… »

Un voile noir recouvre sa tunique bleu sombre. D’épaisses lunettes fumées masquent ses yeux. Mais la petite femme ronde de 62 ans ne peut pas le cacher. L’une de ses filles, Souad, s’est rendue en Syrie. L’un de ses fils, Mohamed, est mort après avoir perpétré les attentats de Toulouse et Montauban. Quant à celui qui a renié sa famille, Abdelghani, il n’est, à ses yeux, qu’un « fou », un « éclaté de la tête », selon la traduction de l’interprète qui l’assiste.

« Ce n’est pas lui qui a fait l’affaire ! »

C’est pour Abdelkader, le dernier de ses fils, que Zoulikha Aziri a été convoquée devant la cour d’assises spéciale de Paris. Condamné à 20 ans de réclusion criminelle en première instance pour « association de malfaiteurs », il a, en revanche, été acquitté des faits de « complicité » des sept assassinats perpétrés par son frère, Mohamed Merah.

Barbe fournie et cheveux ramenés en catogan, le voilà donc jugé en appel dans la même salle d’assises qu’en première instance. Et dans la même position de témoin, sa mère est venue le défendre à la barre, ce jeudi. « Tout ce que j’ai à dire, c’est pourquoi mon fils est toujours incarcéré ? Ce n’est pas lui qui a fait l’affaire ! Celui qui a commis [les meurtres], il est mort. Pourquoi on l’incarcère lui, depuis sept ans, alors qu’il n’a rien fait ? »

Parce que l’accusation estime qu’il était peut-être au courant des projets de son frère. Qu’il aurait même peut-être pu l’inciter à passer à l’acte. Avec une question centrale : qui s’est connecté sur le site du Bon Coin sur lequel Imad Ibn Ziaten, un militaire, avait mis en vente sa moto ? C’est par ce moyen-là que Mohamed Merah lui a fixé rendez-vous et l’a, ensuite, abattu froidement, entamant ainsi sa macabre entreprise de 2012.

 

 

Zoulikha Aziri se sent « seule comme une clocharde »

Les experts ont établi que la connexion sur l’annonce s’était faite, un soir, depuis l’appartement de Zoulikha Aziri. Huit minutes plus tôt, le téléphone de Mohamed bornait à plusieurs kilomètres de là. Difficile de penser que c’était lui. Dix fois, vingt fois, trente fois, la question a donc été posée à la mère des Merah : est-ce Abdelkader qui s’est connecté ce soir-là depuis chez elle ?

« Personne n’est venu chez moi ! J’étais toute seule !, martèle-t-elle. Internet a été utilisé depuis l’extérieur. Mohamed avait les codes. Je ne l’ai pas surveillé ! » Un avocat lui explique alors qu’il s’agissait d’une connexion filaire. Qu’il aurait donc fallu faire un trou dans le mur pour passer un câble afin que quelqu’un se connecte de l’extérieur. Mais Zoulikha Aziri n’en démord pas. Et se met même à pleurer. « J’ai un enfant mort. Un autre en prison. Et moi je suis seule comme une clocharde maintenant… »

Dupond-Moretti rappelle qu’elle est la mère d’un mort

Drapées dans la dignité depuis le début de l’audience, les familles des victimes des attentats de 2012 ont, cette fois-ci, du mal à se contenir. « Quelle honte ! » entend-on dans la salle. Un « putain » de rage précède un « qu’elle se taise ! » d’agacement. Certains dans la salle espéraient sans doute que Zoulikha Aziri serait en mesure d’offrir un autre témoignage que celui qu’elle a livré il y a un peu plus d’un an en première instance. Mais non, elle a continué à répondre à côté des questions quand cela ne l’arrangeait pas ou à faire mine de ne pas comprendre.

Très critiqué lors du procès en première instance et même visé par des menaces de mort, Eric Dupond-Moretti, l’avocat d’Abdelkader Merah, avait choqué l’assistance en expliquant que cette femme était, elle aussi, la mère d’un mort, la plaçant au même niveau que les victimes des attentats. Se basant sur les déclarations de la présidente de la cour d’assises, il a réitéré ses propos ce jeudi matin avant de quitter le prétoire d’un pas tranquille. Le procès doit durer jusqu’au 18 avril.

20Minutes.fr

 

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