Le Point : Si vous êtes élu député européen, vous devrez laisser votre mandat à l’Assemblée nationale. Pensez-vous que votre voix portera plus au Parlement européen ?
Jean Lassalle : J’espère me tromper, mais je pense qu’avec la situation actuelle la prochaine mandature européenne ne tiendra pas cinq ans. Le désaccord, ou le manque de repères communs, est devenu tel que je ne vois pas comment ça peut tenir. Le président Macron a été de bonne foi en disant qu’il allait relancer l’Europe. Résultat, 15 mois après, on ne se parle plus avec les Italiens, nos relations avec les pays de l’Est se sont dégradées et le couple franco-allemand est une hypocrisie permanente… On dit qu’on est très proches du Danemark et de la Suède. C’est faux, j’y suis allé, ils n’ont pas du tout envie de nous ressembler. Dans les cinq prochaines années, il va y avoir des tensions et il va falloir qu’il y ait des interfaces crédibles. On ne doit pas ramper par terre. On doit tenir un discours cohérent de bout en bout. Mais aller à Bruxelles serait une déchirure : quitter un territoire qui m’a toujours fait confiance alors que je n’étais rien.