FEMINISME Un historien analyse pour « 20 Minutes » les partis pris du prochain album d’Astérix, qui aura pour personnage central la fille de Vercingétorix.
- Le titre du 38e album d’Astérix vient d’être dévoilé à la presse par le scénariste Jean-Yves Ferri et le dessinateur Didier Conrad, auteurs officiels de la série depuis 2013.
- Ils ont également révélé que le personnage principal serait une adolescente – la fille de Vercingétorix, donc – venue se réfugier dans le village d’irréductibles Gaulois.
- L’historien Fabien Bièvre-Perrin livre son analyse, à chaud, de ses révélations.
Alors que viennent d’être révélés le titre – La fille de Vercingétorix – et l’intrigue du 38e et prochain album d’Astérix, nous revient en mémoire une indication dispensée, en janvier dernier, par le scénariste Jean-Yves Ferri : « L’action du prochain album se déroulera au village. Et quand on reste au village, il faut creuser un thème de société… ».
On sait donc désormais que le personnage central sera une jeune fille – celle du mythique chef Arverne, donc – fuyant des légionnaires romains. Mais à quel « thème de société » Ferri pensait-il ? Certains fans pensent qu’il pourrait s’agir d’un rebond plus ou moins subtil sur le mouvement féministe #MeToo.
« Les héroïnes “antiquisantes” sont dans l’air du temps »
Interrogé par 20 Minutes, l’historien Fabien Bièvre-Perrin, post-doctorant, créateur du site antiquipop et fan, lui aussi, des aventures d’Astérix, se dit aussi « très curieux de la féminisation du symbole patriotique qu’est Vercingétorix (à travers sa fille, donc) ! C’est dans l’air du temps, souligne-t-il, et les héroïnes antiquisantes comme Wonder Woman, Méduse, Captain Marvel, ont du succès ces dernières années. J’ai hâte de voir comment cela est traité, surtout avec une cible “adolescente” – revendiquée par les auteurs – et vu la description du personnage. On voit bien que l’Antiquité et ses reprises s’inscrivent dans l’actualité et la société ».
(…)
La fille de son père
Enfin, l’album évoquera plus « sérieusement » que dans Astérix le Gaulois, où il n’apparaissait que de dos, se rendant à César, Vercingétorix. Au-delà du thème de société, donc, qui servira surtout l’intrigue centrale, Ferri et Conrad reviendront sur ce personnage historique auquel les Français restent très attachés… même s’ils n’en savent, au fond, pas grand-chose. « Avec l’autodérision sur “nos ancêtres les Gaulois” et la réinterprétation de ce mythe patriotique français (encore très actif comme on l’a vu avec la sortie de Macron sur les “Gaulois réfractaires”), c’est effectivement ce qui me semble le plus notable et intéressant, réagit Fabien Bièvre-Perrin. C’est peut-être ça qui est important, finalement : que l’Antiquité continue d’alimenter les réflexions sur les mythes nationaux et soit mise au goût du jour pour servir d’outil aux nouvelles générations ».
(Merci à la Rune de Chantilly)