Hassanal Bolkiah, qui vient d’instaurer dans son pays la charia islamique, a reçu en 1997 la grand-croix de la Légion d’honneur, qui est la plus grande distinction de la République française.
Le sultan de Brunei, un petit pays d’Asie du sud-est, sur le trône depuis 1967, vient d’instaurer un nouveau code pénal qui applique de manière la plus stricte possible la charia – la loi islamique. Mort par lapidation pour punir les homosexuels et l’adultère, amputation d’une main ou d’un pied pour les voleurs, peine de mort pour insulte au prophète. Cet homme-là, comme le relève le quotidien Ouest France , est pourtant dignitaire de la plus haute distinction de la République française.
Une décoration attribuée en 1996
Plusieurs photos de l’AFP, prises lors d’une visite en France du chef d’Etat en décembre 1996, montrent Hassanal Bolkiah avec la décoration de grand-croix de la Légion d’honneur épinglé à sa veste. La Chancellerie de la Légion d’Honneur, contactée par Ouest-France, n’a délivré aucune information sur l’attribution de la décoration mais a confirmé l’authenticité de l’insigne officiel apparaissant sur les photos.
Les Éditions Archives & Culture, qui ont publié l’ouvrage exhaustif «Les grand-croix de la Légion d’honneur», ont confirmé à nos confrères du Parisien que le sultan de Brunei est cité parmi les récipiendaires passés. Son nom apparaît dans un décret d’attribution daté du 10 avril 1997.
[…]Médaille d’or de la ville de Toulouse
Ce n’est pas tout. Ouest France révèle également que le sultan aurait eu droit à une seconde récompense française: la médaille d’or de la ville de Toulouse, remise le 17 décembre 1996 par le maire de l’époque, Dominique Baudis. La mairie a déclaré au journal Ouest France «attendre la position de l’État sur le dossier. S’il est déchu de la Légion d’honneur, il y a de fortes chances que Toulouse emboîte le pas».