Le tribunal, soucieux de protéger l’ordre public, a dépassé les réquisitions
S’il est des comportements qui indisposent particulièrement les magistrats marseillais, ce sont les agressions qui affectent les dépositaires de l’autorité publique ou ceux qui sont chargés d’une mission du même nom : gardiens de prison, policiers, infirmiers hospitaliers, médecins… L’addition y est souvent majorée, le “bonus” se comptant en années de détention supplémentaires.
Mehdi Allali, 34 ans, en a payé le prix hier, mais il faut bien reconnaître qu’il n’a rien fait pour ne pas aggraver son cas. À croire qu’il avait une envie irrépressible de se faire embastiller. Le 16 mars dernier, au lendemain de la mort de la jeune Marie-Bélen, il avait été interpellé après avoir porté un violent coup de poing au visage d’une aide-soignante, aux urgences de La Timone. Il estimait que sa plaie au visage, à la suite d’une rixe, n’était pas soignée assez vite.
Fracture du nez, hématomes divers. La victime est toujours en arrêt de travail. Et sa blessure a été doublée du choc psychologique qu’on imagine. Comme si cela ne suffisait pas, le gentleman des urgences a menacé une autre aide-soignante et une infirmière, lançant à l’une : “Si tu veux pas me soigner, tu vas voir !” et à l’autre : “Si tu te baisses pour l’aider, je te fracasse !” Ces politesses passées, le prévenu a fini par comprendre le sens des affichettes désormais apposées en bonne vue dans les services d’urgence : les violences sur les personnels sont passibles de la prison. “Je regrette mon geste. J’aurais pas dû me laisser emporter comme ça“, a-t-il reconnu hier devant ses juges. L’ennui, c’est qu’il avait plastronné, le 16 mars, sur le ton de “Je suis content d’avoir frappé une Française ».
Quand le président Fabrice Castoldi lui montre, à titre pédagogique, la photo de sa victime, il glisse à voix basse : “Je m’attendais à ce que ce soit plus grave !” Quand on l’interroge, il peine à reconnaître la violence de son agression, d’autant que l’aide-soignante n’était même pas occupée à son “cas”. Il évoque même, avec un indéniable toupet, “une claque appuyée”… Il a enfin, en cours d’enquête, invoqué un complot à caractère raciste qu’il a du mal à expliquer, sinon en répétant qu’il trouvait qu’on tardait à le soigner. (…)