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L’arrivée d’un peuple venu des steppes orientales a entraîné la disparition complète des lignées masculines locales dans la péninsule ibérique vers 2500 avant J.-C., alors que le patrimoine génétique des femmes a lui été préservé. Que s’est-il passé ? Les chercheurs tentent toujours de le savoir.

« Le grand remplacement » a bien eu lieu. Non pas aujourd’hui en France, mais il y a 4.500 ans en Espagne. C’est le résultat d’une étude publiée dans la revue Science le 15 mars dernier, qui a analysé le génome de 271 individus ayant vécu dans la péninsule ibérique entre 7.000 ans av. J.-C. et 1.500 ans apr. J.-C. Leurs résultats, ainsi que de précédentes études génétiques, permettent de retracer l’histoire des migrations en Europe.

Les Yamnaya, ce peuple d’éleveurs venu des steppes russes

On sait que l’homme de Néandertal a disparu il y a environ 45.000 ans, sans doute évincé par Homo Sapiens. Mais ce dernier ne connaîtra qu’un court répit, jusqu’à l’arrivée il y a 9.000 ans d’agriculteurs venus du Proche-Orient. Vers 4.500 ans avant notre époque a débarqué de Russie un groupe de bergers nomades, les Yamnaya. Essentiellement pastoraux, ces derniers vivaient de l’élevage plutôt que de l’agriculture. Après s’être étendus dans le Nord et l’Est de l’Europe, les Yamnaya ont peu a peu gagné du terrain vers l’ouest et le sud. « Sur le plan génétique, les Yamnaya sont les principaux ascendants des Européens modernes », explique David Reich, chercheur à la Harvard Medical School de Boston et l’un des coauteurs.

Dans une précédente étude publiée dans Nature en février, David Reich et son équipe s’étaient penchés sur le sort des anciens peuples à l’arrivée des Yamnaya en Grande-Bretagne, entre 2.500 et 1.800 ans av. J.-C. Ces derniers avaient rapidement pris l’ascendant, 90 % de l’ADN des populations existantes ayant disparu en l’espace de quelques centaines d’années. Ont-ils été massacrés ? Ont-ils été décimés par une maladie apportée par les nouveaux occupants ? Se sont-ils mal adaptés au changement de climat ? Le mystère demeure encore sur ce qui s’est réellement passé.

L’ADN des hommes locaux intégralement remplacé par celui des arrivants

Le tableau semble un peu différent pour la péninsule ibérique. Contrairement aux malheureux Britanniques, il semble que les Espagnols ont mieux résisté à l’invasion, coexistant beaucoup plus longtemps avec les Yamnaya. Vers 2000 av. J.-C., la diversité génétique de la population se stabilise autour d’un mélange d’environ 40 % d’ascendance d’Ibérique et 60 % de Yamnaya.

Ce chiffre a priori optimiste cache une réalité beaucoup moins rose. Car les chromosomes Y, présents uniquement chez les hommes, ont eux été remplacés à 100 %. Autrement dit, les anciennes lignées masculines ont été [exterminées] par les nouveaux arrivants. Là encore, les chercheurs restent au stade des hypothèses. Les arrivants, en majorité des hommes, se seraient reproduits prioritairement avec les femmes locales, éliminant peu à peu leurs anciens partenaires. Bénéficiaient-ils d’un avantage reproductif ? Ont-ils sciemment tué ou écarté les hommes pour s’emparer de leurs femmes ? Il n’existe en tout cas aucune trace de massacre.

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Suite : Futura Sciences

Voir aussi l’article de Courrier international, dont nous avons retenu le titre.

Merci à : Arletty

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