Le tribunal de Bobigny jugeait aujourd’hui trois jeunes hommes pour des faits de violences à l’encontre de la communauté Rom et de policiers à Clichy-sous-Bois
« Je sortais du travail et allais m’acheter à manger. J’ai vu ce groupe et je suis allé voir par curiosité », assure à la juge Yahya S., 22 ans (…) . Il explique avoir ensuite suivi, sans poser de questions, ces personnes armées de pelles et de pierres, jusque devant une maison squattée par des Roms.
La « curiosité », est également évoquée par Samir B., préparateur de commande chez Amazon, pour justifier, lui aussi, sa présence sur ce même lieu alors qu’il rentrait du travail.
Deux policiers sont présents lors du procès. Ils patrouillaient en voiture ce soir-là, quand une femme appartenant à la communauté Rom a surgi au milieu de la route, en pleurs, en les suppliant d’intervenir. Plus loin, ils aperçoivent un homme au sol en train d’être « roué de coups de pied et de pelle, directement dans la tête ». Les deux agents évoquent un acharnement de violence. (…)
Malgré la grenade de désencerclement, le groupe ne semble pas perdre son objectif de vue et s’avance vers eux en criant : « Wala on va s’en faire un ». Yahya S., qui, selon eux, fait formellement partie des agresseurs et tient une pierre à la main, est arrêté à sur place.
Yahya S. se débat violemment et appelle les autres à lui venir en aide. A tel point que le chef des policiers se menotte au jeune homme. Un geste « qui n’arrive jamais », précise son collègue. Mais le groupe continue de se montrer hostile et donne même des coups aux fonctionnaires. Parmi eux, Samir B. est formellement identifié comme l’individu « le plus virulent qui tire Yahya S. pour le libérer ».(…)
Sur ce parking, la police déclare avoir vu Marwen S. lâcher un molosse « contre une trentaine de personnes Roms, dont des femmes et des enfants, en criant “vas-y attaque” ». « C’est un chien de la race bully, il s’appelle Simba, explique l’accusé en niant avoir crié cet ordre. Les gens courraient, mon chien n’était pas attaché donc il a couru aussi, mais il n’a jamais mordu personne. »
Selon la police, Marwen S. a dit que sa petite sœur de 14 ans avait été enlevée par des Roms. « C’est faux », dément le prévenu, connu des services de police pour une dizaine de délits commis lorsqu’il était mineur. La jeune fille expliquera à la police qu’elle a en réalité paniqué car beaucoup de Roms se trouvaient dans le supermarché et qu’elle a donc appelé sa mère, qui a ensuite appelé son fils pour qu’il aille chercher sa sœur.
Le délibéré est finalement tombé. Yahya S. écope de 10 mois de prison ferme sans mandat de dépôt, pour avoir commis des violences à l’égard d’un individu en raison de sa race et pour avoir résisté avec violence à deux fonctionnaires de police. Samir B. s’en sort avec 8 mois de prison avec sursis pour être complice, d’avoir résisté avec violence à deux fonctionnaires de police. Marwen S. est condamné à 6 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour avoir volontairement exercé des violences envers des Roms sans entraîner de jours d’ITT en envoyant son chien.