Un policier français en poste au Liban a été suspendu de ses fonctions après avoir volé le sac à main d’une vieille dame. Le jour des faits, il était accompagné d’une agent des services d’espionnage français.
Ce dimanche 8 juillet, Karim* et Dalila* ont donc fait le choix de la plage Le Lazy B Beach pour une journée de repos. Lui est fonctionnaire de police. Âgé de 41 ans, il appartient au service de la protection, détaché à la sécurité de l’ambassade de France. Ses états de service sont irréprochables. Moniteur de tir, champion de boxe, il est reconnu « compétent, fiable, disponible, sérieux, expérimenté et d’un comportement exemplaire ». Passé par l’Irak, il a été promu brigadier-chef la semaine précédente. À ses côtés : Dalila, une collègue de l’ambassade, chez laquelle il réside. Plus concrètement, elle est un agent de la DGSE, les services extérieurs français.
Dès son arrivée, Dalila file donc se changer aux vestiaires, pendant que Karim patiente à l’extérieur. Sur un banc, il avise un sac à main laissé sans surveillance, celui de la tante du patron des lieux, âgée de 87 ans, qui l’a laissé là pour se rendre aux toilettes. Karim s’en saisit, l’enfourne dans son sac de plage et prend le chemin de la sortie du complexe. Il place l’ensemble de ces affaires dans le coffre de la 207 de fonction de Dalila, avant de revenir à l’intérieur, comme l’attestent des images de vidéosurveillance qu’il ne remettra pas en cause.
Alerté par des éclats de voix au niveau de l’accueil, Karim se ravise et rapporte finalement le sac à main. Les agents privés de surveillance du site sont à sa recherche. Le premier, il est suspecté et reconnaît immédiatement avoir « trouvé » et « sorti » le sac. Uniquement par défiance envers les personnels de sécurité libanais, précise-t-il, et avec l’intention de le rapporter au commissariat, « comme il est d’usage en France ».
C’est fin juillet que les événements vont se précipiter quand, prévenu des faits, le chef de poste de l’ambassade, supérieur direct de Karim, décide de mener sa propre enquête. Il se rend sur place, « au vu de la sensibilité des faits, qui pouvaient éventuellement impliquer un agent des services », et se forge rapidement sa conviction : celle d’« une volonté frauduleuse » de son subordonné, qui a soustrait le sac « au nez et à la barbe du personnel de sécurité ».
(…) Le brigadier-chef, lui, a continué à plaider avec véhémence son innocence, décrivant « un non-événement, tellement banal ». Et rappelant qu’il gagnait très bien sa vie au Liban -environ 7.000 euros, primes comprises- n’ayant aucun intérêt à subtiliser ce sac « dans un but malveillant ».
(…) C’est finalement l’administration qui s’est chargée de les déménager. Dans leurs affaires : huit serviettes de bain ont été trouvées, soigneusement pliées, toutes estampillées du logo d’une célèbre salle de gym de Beyrouth. Après enquête sur place, le patron de la salle en question s’est montré catégorique : ces serviettes ne sont jamais « ni vendues ni offertes ».