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Toutes les contributions des joueurs NBA publiées dans le Players’ Tribune valent le détour. Mais si vous ne devez en lire qu’une en 2019, c’est celle de Kyle Korver. Le vétéran du Utah Jazz avait besoin de livrer son point de vue sur ce qu’il appelle “le privilège blanc” et le racisme ambiant dans la société américaine, jusqu’à l’examen de ses propres torts. On vous a traduit ce texte fleuve dans son intégralité pour bien saisir la gravité et la qualité de ce qu’a voulu exprimer Korver.

(…)

Comment puis-je, en tant qu’homme blanc qui fait partie de ce problème systémique, faire partie de la solution en ce qui concerne le racisme dans le milieu dans lequel je travaille ? Et dans ce pays ?

Je ne pense pas avoir toutes les réponses, mais voilà celles qui me semblent être les plus solides :

Je dois continuer de m’éduquer sur l’histoire du racisme aux Etats-Unis.

Je dois écouter. Je le répète parce que c’est important. Ecouter.

Je dois soutenir des leaders qui considèrent que l’injustice raciale est une question fondamentale, quelque chose qui est au coeur de presque tous les problèmes majeurs de notre pays aujourd’hui. Je dois soutenir des programmes politiques qui vont dans ce sens.

Je dois faire de mon mieux pour me mettre en retrait lorsque cela peut permettre à des groupes marginalisés de se faire entendre.

Mais peut-être plus que tout, je dois, en tant qu’homme blanc, demander aux autres hommes blancs d’assumer leur responsabilité. Nous devons tous assumer notre responsabilité. Pas uniquement pour nos propres actions, mais pour notre inaction qui permet aux attitudes toxiques d’exister. Je pense que le standard auquel nous devons nous tenir dans cet instant crucial est bien plus élevé qu’il ne l’a jamais été. Nous devons être actifs et soutenir activement les causes de ceux qui ont été mis de côté.

Il y a deux concepts auxquels j’ai beaucoup pensé récemment : la culpabilité et la responsabilité. Lorsque l’on parle de racisme aux Etats-Unis, je pense que l’on considère ces deux termes comme similaires. Mais je commence à comprendre à quel point ils sont différents. En tant que blancs, sommes-nous coupables des péchés de nos ancêtres ? Non, je ne le pense pas. Mais sommes-nous responsables ? Oui. Lorsque l’on parle de solutions au racisme systémique – la réforme de la police, la diversité sur les lieux de travail, un meilleur accès aux soins – il ne s’agit pas de culpabilité. Il ne s’agit pas de désigner des coupables. Il s’agit de responsabilité. De comprendre que le mot égalité que l’on utilise depuis des lustres, ne valait que pour un certain nombre de personnes. De comprendre que le mot inégalité que l’on utilise, était synonyme d’esclavage et de ses conséquences que l’on peut ressentir aujourd’hui.

Les noirs et les blancs n’ont toujours pas la même vie aux Etats-Unis. Et cette différence résulte d’une histoire horrible, pas d’une simple division. Black Lives Matter et des mouvements comme celui-là sont importants pour la bonne et simple raison que j’aurais probablement été en sécurité ce soir-là à New York. Thabo ne l’était pas. J’étais en sécurité sur le terrain l’autre soir contre OKC. Russell ne l’était pas.

Aussi honteux qu’il soit, le racisme que l’on retrouve dans ces salles NBA en 2019 semble être le plus facile à gérer parce qu’il est bruyant et clair. Il n’y a pas d’ambiguïté et dieu merci on expulse le type de la salle et on le bannit à vie. Mais malheureusement, le racisme le plus dangereux n’est pas celui-là, stupide et bruyant. Pas celui qui ne se cache pas en arrivant à la salle. C’est le racisme silencieux et subtil. Qui se cache en plein jour. Celui de gens qui disent toujours ce qu’il faut en public, parfaitement amicaux lorsqu’ils rencontrent une personne de couleur. Ils sont polis. Mais en privé, ils aimeraient que l’on arrête de tout rapporter à ces problèmes raciaux. C’est un racisme invisible, ce qui fait qu’on le laisse perdurer.

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