Le terme de « profanation » est fréquemment utilisé dès que l’on touche aux églises, mais il a une connotation plus religieuse que juridique. Analyse des décodeurs du monde.
Selon le droit canon, qui fixe les règles de fonctionnement de l’Eglise catholique, « les lieux sacrés sont profanés par des actions gravement injurieuses qui y sont commises au scandale des fidèles ». La profanation est établie lorsque l’on s’attaque à ce que les catholiques considèrent comme la présence réelle de Jésus-Christ, c’est-à-dire les hosties consacrées lors de la messe, ou bien l’autel, l’endroit où se célèbre le sacrement d’eucharistie (transformation du pain et du vin en corps et sang du Christ, selon la foi catholique). Le vol d’un tabernacle, armoire où sont entreposées les hosties, est aussi un acte de profanation. […]
Pour l’avocat Emmanuel Daoud, membre du collectif Les Surligneurs, la profanation est une « notion plus religieuse que juridique ». Pourtant, ce terme est explicitement présent dans la loi française en cas de violation de la mémoire des morts : l’article 225-17 du code pénal précise que « la violation ou la profanation, par quelque moyen que ce soit, de tombeaux, de sépultures, d’urnes cinéraires ou de monuments édifiés à la mémoire des morts est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende », une peine doublée lorsque ces infractions ont été accompagnées d’atteinte à l’intégrité du cadavre. Cette référence explicite au sacré, ajoute Me Daoud, est étonnante dans un système juridique normalement indépendant à l’égard du religieux.
Pour les atteintes aux lieux de culte, la loi ne parle pas de profanation. Ces actes ne sont pas pour autant impunis, car ils correspondent à des infractions existant dans le droit français : destructions, dégradations et détériorations, provocation à la haine religieuse… […]