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Autrefois cantonné aux marges, le rap s’est imposé comme le premier genre musical en France. À tel point qu’il semble parfois avoir éclipsé tous les autres.

La question n’est plus de savoir « où classer le rap » : Aujourd’hui, c’est le premier genre musical du pays. Il est vraisemblablement la nouvelle variété française. Un coup d’œil aux morceaux les plus « streamés » (écoutés en ligne) sur les deux principales plateformes que sont Deezer et Spotify permet de corroborer l’hypothèse. Elles proposent un « top 10 France », mis à jour quotidiennement, mais dont les champions changent peu. Et où règnent, quasi sans partage, les rappeurs. En ce mois d’avril 2019, il n’y en a que pour PNL, Niska, Booba, Ninho, Heuss l’enfoiré… Les super stars américaines que sont Lady Gaga et Ariana Grande n’arrivent qu’aux modestes 23e et 24e places…

Seule la chanteuse française Angèle parvient à s’immiscer dans le top 10. Mais dès le premier couplet, sa chanson « Balance ton quoi » s’excuse presque de jouer les intruses : « J’ai vu que le rap est à la mode et qu’il marche mieux quand il est sale. » À la mode  ? C’est peu de le dire. Sur les années 2018 et 2017, les 10 artistes les plus « streamés » sur Deezer sont tous des rappeurs. Sans exception. Et depuis 2015, c’est le Marseillais Jul qui est chaque année le plus écouté sur la plateforme française.

(…) Une position dominante qui s’accompagne forcément de critiques. De la violence des paroles de certains aux clichés machistes et sexistes véhiculés par la plupart, les griefs de ses détracteurs sont anciens. Mais ils ont redoublé d’intensité. Et une question s’impose à la lecture des classements : où sont les femmes  ?

(…) Cette profusion de genres contraste avec les débuts. Auparavant, le rap était divisé entre le « commercial » et le « underground ». Entre ceux qui voulaient passer en radio et plaire au plus grand nombre et la ligne plus dure, intransigeante. Et contre toute attente, c’est le rap underground ou hardcore qui paraît avoir gagné. Le genre ne s’est pas adouci, ses paroles sont toujours aussi crues, mais il est devenu « mainstream ». Le grand public l’a adopté. Dans les cours d’école, les enfants fredonnent les couplets de Koba la D ou de Zola, qui détaillent à longueur de couplet leur quotidien présumé, quoi qu’il en soit clairement revendiqué, de vendeur de drogue.

(…) Le Point

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