Le buis commun subit les ravages d’un papillon d’origine asiatique, détecté en Europe en 2007. Pour combattre la pyrale, l’entomologiste Hervé Jactel propose dans une tribune au « Monde » une stratégie de lutte biologique et des conservatoires botaniques pour sauvegarder le végétal.
« La disparition du buis serait un désastre écologique, économique et culturel »
Dimanche 14 avril, une semaine avant Pâques. Les cloches sonnent dans mon village. Des fidèles se pressent à l’église, porteurs de rameaux à bénir. Ce sont quelques branches de buis, qu’ils conserveront pour protéger leur foyer. Mais cette tradition ne sera peut-être un jour qu’un lointain souvenir. Non pas que les chrétiens auront oublié le symbole, mais parce que le buis aura disparu.
Le buis commun (ou buis toujours vert, Buxus sempervirens) est un arbuste natif de nos contrées, présent depuis le sud-ouest de l’Europe jusqu’au Caucase. […] Oui mais voilà. Il advint un jour qu’un papillon asiatique, la pyrale du buis Cydalima perspectalis, pondit sur ces buis destinés à l’exportation. Les chenilles, arrivées saines et sauves sur le Vieux Continent, eurent tôt fait de se réveiller, donnant des papillons qui volèrent bientôt (ils peuvent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres) vers des buis sauvages. Détectée pour la première fois en Allemagne en 2007, douze ans plus tard la pyrale du buis a envahi toute l’Europe, sauf la Scandinavie. […]
Ce phénomène survient à la suite de nombreuses introductions d’insectes exotiques dans les forêts européennes, en moyenne onze nouvelles espèces par an depuis le début des années 2000, avec un risque qui ne cesse de s’accélérer. […]
