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C’est pour cela que vous voulez inscrire dans les traités européens les racines judéo-chrétiennes, l’héritage gréco-romain et celui des Lumières?
Bien sûr. La France a fait une erreur historique en refusant que soient inscrites les racines judéo-chrétiennes de l’Europe dans les traités. J’avais 20 ans au moment de ce débat, et il me semblait que ce déni de réalité aurait des conséquences dramatiques. Ce n’est pas seulement une question symbolique. Comment voulez-vous réussir le défi de l’intégration si vous ne savez pas dire à tous les jeunes issus d’une immigration récente à quelle histoire ils peuvent participer, quel héritage ils peuvent recevoir? Parce que nous n’avons pas su assumer et transmettre notre civilisation, l’islamisme est venu remplir le vide que nous avions laissé.
Vous voulez également une charte des valeurs et des devoirs.
Nos racines ne sont pas seulement notre passé, mais également notre présent: elles font de nous ce que nous sommes, ce qui demeure pour fonder notre avenir. C’est la liberté qui naît dans les cités grecques avec le développement de la raison critique, au Ve siècle avant J.-C. ; c’est l’égalité devant la res publica romaine ; c’est le sens de la dignité absolue de la personne humaine que la tradition chrétienne a mûri peu à peu. Tout cela fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui, et ce que nous devons considérer comme n’étant pas négociable à l’égard de ceux qui veulent nous rejoindre. Nous proposons de définir ce qu’il faut respecter si l’on veut s’établir en Europe. Parmi ces éléments, l’égale dignité de l’homme et de la femme, le respect absolu de la liberté de conscience, le primat de la raison sur l’arbitraire, les rapports de force et les intérêts communautaires.
Et les devoirs?
Il faut revenir à ce magnifique principe de saint Augustin: «A Rome, fais comme les Romains.» Il n’y a aucune raison de demander aux Français de s’adapter à la culture de ceux qui arrivent: c’est à ceux qui veulent vivre en France et en Europe de s’adapter à un héritage commun. Ceux qui veulent imposer des règles communautaires en méprisant le libre consentement des personnes, qui contraignent les femmes à porter le voile en employant la menace, qui font subir à des enfants des mutilations sexuelles au nom de leur culture d’origine, ceux-là ne peuvent évidemment pas rester sur le sol européen.
(…) Le Figaro