Dans le sillage des annonces d’Emmanuel Macron sur la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA), le 25 avril, le gouvernement planche sur deux autres symboles de l’élitisme républicain : Polytechnique et l’Ecole normale supérieure (ENS). La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, devait échanger, vendredi 3 mai, avec les dirigeants des deux établissements, alors qu’une feuille de route devrait être précisée dans les semaines qui viennent.
L’objectif est déjà fixé : il s’agit d’atteindre plus de mixité sociale. D’après les données recensées par l’Observatoire des inégalités en 2015, le fossé est particulièrement profond dans ces deux grandes écoles publiques, pourtant parmi les « mieux dotées en moyens » de notre système d’enseignement supérieur. Il y a cinquante fois plus d’enfants de cadres que d’enfants d’ouvriers à Polytechnique ; vingt fois plus dans les Ecoles normales supérieures. Dans la promotion 2018 de Polytechnique, ils étaient 11 % d’élèves français boursiers, contre 38 % dans l’enseignement supérieur.
Parmi les pistes à l’étude figure une option sensible : la création de procédures d’admission nouvelles. Seul Sciences Po a jusqu’ici développé une autre procédure Conventions éducation prioritaire (CEP) pour les lycéens de territoires défavorisés, provoquant une forte polémique en 2001, lors de la création de cette porte d’entrée alternative au concours.
Des options plus consensuelles feront également partie de la réflexion, tel le développement de cursus permettant de préparer des étudiants moins bien armés au recrutement de ces écoles. Depuis une vingtaine d’années, des dispositifs « égalité des chances » sont ainsi développés dans l’enseignement supérieur, notamment des classes prépas pour les étudiants modestes à l’entrée à l’ENA et à l’école nationale de la magistrature (ENM), ou encore un accompagnement des collégiens et des lycéens défavorisés par les Instituts d’études politiques.