Au début des années 2000, la côte sénégalaise était une terre de départ pour les migrants de la région désireux de rejoindre l’Europe, via les îles Canaries. Aujourd’hui, la route a changé, mais les Sénégalais sont encore nombreux à vouloir rejoindre le vieux Continent, en passant cette fois par la Libye ou par le Maroc. (…)
“Nous, Sénégalais, il faut qu’on aille ailleurs pour se rendre compte de ce qu’on a dans notre pays”. Après sept ans passés en Espagne, Issa est rentré en 2014 dans son village de Diaguabal, à 40 km de Saint Louis (dans le nord du Sénégal). (…)
“J’ai dû travailler dur”
Deux fois par jour, il vient dans son champ, situé à quelques kilomètres de la maison familiale, s’assurer que la terre est assez humide. “Je cultive du riz la moitié de l’année, et l’autre moitié des légumes”, explique-t-il, en contemplant son terrain. “Quand j’ai commencé, ce n’était pas aussi vert, j’ai dû travailler dur pour obtenir ce résultat”.
La récolte aura lieu dans trois mois. Issa emploiera alors une quinzaine de personnes pour ramasser le riz. Il le vendra ensuite aux entreprises de la région.
C’est avec l’aide financière de l’Organisation internationale des migrations (OIM) que le Sénégalais a pu développer son affaire. “L’argent qu’ils m’ont donné m’a permis de labourer le terrain qui n’était pas praticable”, dit-il.
Issa a profité du programme de retour volontaire de l’OIM. L’agence onusienne aide les migrants installés en Europe ou dans les pays de transit – comme le Maroc ou la Libye – à se réinstaller dans leur pays et redémarrer une activité professionnelle. (…)
Selon lui, le retour au village des expatriés peut s’avérer néfaste pour la jeunesse restée au pays. “Ils débarquent avec des grosses voitures et construisent des belles maisons, cela fait rêver et on se dit : ‘pourquoi pas nous ?’”. Il pense que s’il “avait su, il ne serait pas parti”.
A son retour, Issa a réalisé que trois de ses amis originaires de Diaguabal étaient partis tenter leur chance en Espagne et au Portugal. L’agriculteur assure pourtant que l’avenir est au Sénégal. “Il faut que les jeunes restent ici et développent leur pays. Les gens disent qu’il n’y a pas de travail mais ils n’en créaient pas non plus”.