En 2015, le pays de 10 millions d’habitants a reçu 160 000 demandeurs d’asile, un record en Europe proportionnellement à sa population, avant de fermer ses frontières.
C’est un refrain qu’on entend de plus en plus souvent en Suède. Ceux qui s’en font l’écho prennent bien soin de marquer leurs distances avec l’extrême droite. Ils n’en restent pas moins fermes sur le constat : la Suède a beaucoup changé ces dernières années et ils ont du mal à trouver leurs repères dans un pays où désormais un cinquième de la population est né à l’étranger, contre 11 % il y a vingt ans.
Ylva pèse ses mots, de peur d’être mal comprise. «En fait, je suis épuisée. J’ai fait le choix de ne pas vivre à l’étranger, parce que j’aime le confort d’être chez moi. Mais parfois, j’ai le sentiment de ne plus savoir où je me trouve.» […] D’autres s’inquiètent de voir la Suède renoncer à ses valeurs – l’égalité des sexes, par exemple – au nom du respect de la diversité culturelle et de la liberté de religion. De ne pas faire preuve de suffisamment de fermeté à l’égard des nouveaux arrivants, majoritairement de confession musulmane.
«Le débat bouillonnait depuis longtemps. 2015 l’a fait apparaître au grand jour», observe Anders Hellström, chercheur à l’Institut d’études des migrations à l’université de Malmö. Cette année-là, le pays de 10 millions d’habitants enregistre 160 000 demandes d’asile, un record en Europe proportionnellement à sa population. Les cinq années précédentes, 140 000 réfugiés et leurs familles ont déjà obtenu un titre de séjour. […]