De l’aveu même de Jean-Yves Le Drian, les ex-otages au Bénin ont pris des “risques majeurs” en se rendant dans une zone “considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge.” Invité de Europe 1 ce samedi 11 mai au matin, le ministre des Affaires étrangères à regretté l’attitude des deux ressortissants français, sauvés à l’issue d’une opération qui a coûté la vie à deux militaires français.
Patrick Picque et Laurent Lassimouillas avaient été enlevés début mai dans le nord du Bénin, à la frontière avec le Burkina Faso, et à plusieurs centaines de kilomètres de l’endroit où ils ont été sauvés. […] Et même si cet État n’était pas considéré comme à risque par les autorités françaises avant le drame, les deux anciens captifs sont aujourd’hui la cible de nombreuses critiques. Tout comme le président Emmanuel Macron, critiqué notamment par la droite et l’extrême droite car il va les accueillir en personne ce samedi en début de soirée à l’aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris. […]
Chez certains responsables des Républicains, on regrette également l’accueil réservé par le chef de l’État aux deux ex-otages. “En allant dans une zone classée rouge et dangereuse par la France,ils ont été inconscients. Pourquoi un accueil présidentiel au retour?”, s’est agacé le sénateur Roger Karouchi, estimant que “seuls les deux soldats morts dans l’opération sont des héros.”
Tant mieux que les 2 touristes otages Français aient été libérés par nos soldats.Mais en allant dans une zone classée rouge et dangereuse par la France,ils ont été inconscients.Pourquoi un accueil présidentiel au retour?Seuls les 2 soldats morts dans l’opération sont des héros.
— Roger KAROUTCHI (@RKaroutchi) May 11, 2019
Se féliciter de la libération de 2 otages français c’est bien , mais que le Président #Macron se rende à #Villacoublay pour les accueillir solennellement alors que leur INCONSCIENCE a coûté la vie à nos 2 militaires🇫🇷 , c’est une #Honte ❗️ pic.twitter.com/Ku77GX2OmJ
— Pierre Charon ن (@pierrecharon) May 11, 2019
Pour la sénatrice UDI Nathalie Goulet, tout est une question de timing alors que le chef de l’État présidera une cérémonie d’hommage national aux deux soldats ce mardi aux Invalides.
“Loin de moi l’idée de lancer une polémique inutile, mais je ne suis pas certaine qu’il soit très opportun que le Président reçoive les otages imprudents libérés AVANT de rencontrer les familles des soldats qui ont perdu la vie dans cette opération”, a-t-elle commenté sur les réseaux sociaux.
Loin de moi l’idée de lancer une polémique inutile ,mais je ne suis pas certaine qu’il soit très opportun que le Président reçoive les otages imprudents libérés AVANT de rencontrer les familles des soldats qui ont perdu la vie dans cette opération #BurkinaFaso
— Nathalie Goulet 🐝 (@senateur61) May 11, 2019 […]
[…] Les deux militaires, tués par deux ravisseurs lors de l’opération, étaient deux sous-officiers du commando d’action sous-marine Hubert, l’un des sept commandos de la Marine Nationale, d’après les informations de cette dernière. Hubert est considéré comme le plus prestigieux des groupes militaires, et comme l’unité de forces spéciales la plus sélective de toute l’Armée française. Il a pour spécialité le contre-terrorisme et la libération d’otages, mais aussi l’action subaquatique.
Cédric de Pierrepont, né en 1986, entre dans l’Armée en 2004, à 18 ans. Recrue d’exception, il termine en 2005 premier (sur quarante-sept candidats) de son cours de Brevet élémentaire. Il intègre par la suite la spécialité de fusilier marin. En réussissant son stage commando un an et demi plus tard, il est promu second maître. C’est en 2012 qu’il intègre le réputé commando Hubert, dont il prend les fonctions de chef de groupe commando en avril 2018. En 15 ans de service, le maître de Pierrepont est déployé en Méditerranée, au Levant et au Sahel – un théâtre d’opérations qu’il arpentait depuis le 30 mars dernier. Trentenaire pacsé et militaire émérite, il a, à de multiples reprises, été décoré pour ses états de service. Il a reçu une Médaille d’or de la Défense nationale, une médaille d’Outre-mer avec agrafes Sahel et Liban et une Croix de la Valeur Militaire.
Alain Bertoncello, né en 1991, entre dans la Marine Nationale en rejoignant l’école de maistrance le 14 février 2011. Un an plus tard, il choisit la spécialité de fusilier marin et réussit son stage commando la même année. Il passe ensuite cinq ans au sein du commando Jaubert, l’une des six autres unités de la Marine Nationale, obtient le brevet de nageur de combat en 2017 et rejoint en juillet 2017 le commando Hubert. Il a servi aux Seychelles, au Qatar, au Levant et au Sahel, dans lequel il se déploie également le 30 juin, comme Cédric de Pierrepont. À seulement 28 ans, le militaire, pacsé lui aussi, avait été décoré de la Médaille d’Outre-mer pour le Moyen-Orient ainsi que de la Médaille d’argent de la Défense nationale.