La fête foraine bat son plein. Une grande roue domine le Danube. Les autotamponneuses se lancent furieusement les unes contre les autres. Les haut-parleurs crachent de la musique pop américaine. Les enfants promènent leurs parents. Ce 1er mai, en plein cœur de Linz, 200 000 habitants, capitale de la Haute-Autriche, berceau historique du nazisme, les Autrichiens fêtent les travailleurs en déambulant entre les stands de tir au pigeon et les vendeurs de knödels, sorte de quenelles de pommes de terre et de mie de pain, et de käsekrainers, des saucisses fumées et farcies au fromage.
Une grande tente longe l’allée principale. Dehors, les pancartes du brasseur Kaiser semblent indiquer qu’il s’agit juste de l’endroit idéal pour étancher sa soif avec une pinte de bière. A l’intérieur, c’est une tout autre histoire : plus de 5 000 de sympathisants du FPÖ (le Parti de la liberté d’Autriche) lèvent leur verre à la gloire de l’Autriche blanche et traditionnelle. Des centaines de drapeaux s’agitent alors qu’un groupe de variété récite ses classiques.