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Depuis le retour au pouvoir, en 2017, du parti FPÖ, le pays a vu les actes islamophobes se multiplier. Une haine qui fait craindre le pire à une communauté encore sous le choc des attentats de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

[…] Le président de l’IGGÖ, qui gère 360 mosquées et affirme lutter autant qu’il le peut contre la radicalisation dans ses propres rangs, ajoute : « Brenton Tarrant a aidé financièrement la mouvance radicale identitaire en Autriche [un mouvement de 300 militants nationalistes]. Il est venu ici. On doute que le ministre de l’intérieur, Herbert Kickl [lui aussi d’extrême droite], dont les liens avec ce milieu sont connus, ne fasse toute la lumière sur ce réseau. »

Depuis le retour au pouvoir du FPÖ il y a un an et demi, à la faveur d’une coalition avec les conservateurs, ce qu’on appelle le « vivre-ensemble » s’est considérablement dégradé en Autriche. Entre 2017 et 2018, le nombre des agressions, insultes ou discriminations dont les musulmans ont fait l’objet a bondi de 309 à 540. « Dans la rue, on me regarde de travers à cause de mon tchador », témoigne Betül Yokus, 20 ans, étudiante en sociologie. « A la caisse du supermarché, on me parle comme à une imbécile, car on pense que je ne comprends pas l’allemand, alors que je suis autrichienne. » A la piscine, une demoiselle en burkini s’est fait traiter de « truie ». Dans le bus, un réfugié syrien a entendu une vieille dame lui lancer qu’on ferait mieux de « gazer » les gens comme lui. Face à de tels propos, les musulmans se sentent désarmés. « L’Autriche est certes au centre du continent, mais l’Europe semble bien loin pour les musulmans, quand il s’agit de répondre aux discriminations dont ils font l’objet, regrette Rusen Timur Aksak, porte-parole de l’IGGÖ. La Commission a nommé un coordinateur chargé de la lutte contre l’antisémitisme. Désigner quelqu’un pour faire le même travail en faveur des musulmans rapprocherait sans doute ces derniers des institutions de l’Union européenne. » (…)

Mahmud Yavuz, professeur de religion dans les écoles publiques et imam, craint qu’il soit imité par nombre de ses camarades. « On rejette les jeunes qui veulent contribuer à la prospérité de l’Autriche, s’indigne-t-il. Le fossé se creuse. Plus personne ne veut avoir affaire à nous. Avant, les voisins venaient à la mosquée pour la journée des portes ouvertes. C’est terminé. Les médias parlent de nous quotidiennement, mais sans nous. Nulle part, vous pourrez lire comment nous nous sentons ! Les musulmans votent de moins en moins. » Ismet Cömlet, 73 ans, écoute tout cela avec une grande tristesse. Il vient faire sa prière à la mosquée Aziziye depuis 1969. Il résume la gravité de la situation : « Fini le temps où chacun parlait avec chacun. » Maintenant, un mur est dans les têtes.

lemonde.fr

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