Face à l’acier chinois à prix cassés et aux investissements stratégiques de Pékin sur le Vieux Continent, l’Union se muscle.
Ils ont acheté des vignobles de Bourgogne et du Bordelais, ils ont acquis des parts dans l’aéroport de Toulouse et pris le contrôle du Club Med, ils ont inondé le marché européen de leurs panneaux solaires et de leur acier sans même parler des chaussures de sport ou des téléphones portables. Avec leur montée en puissance spectaculaire, les Chinois préoccupent les Français.
Certes, tous ne partagent pas le constat du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, dans son livre de campagne, Le Nouvel Empire, pour qui «le défi chinois représente pour le continent européen le plus important du siècle à venir». Mais à en croire un sondage Kantar Public réalisé pour l’Institut Montaigne en fin d’année dernière, 43 % des Français perçoivent la Chine comme une menace économique, contre 27 % qui la considèrent d’abord comme une opportunité. (…)
Alors que l’entente entre les États-Unis et la Chine se détériore, l’Europe reconsidère également ses relations économiques avec l’Empire du Milieu. La Commission européenne l’a qualifié de “concurrent”, et même de “rival systémique”.
Il y a quelques semaines, la Commission européenne a publié un rapport qui rompait avec la naïveté habituelle de Bruxelles. La Chine y était qualifiée de “concurrent”, et même de “rival systémique”. Des qualificatifs qui, dans le langage diplomatique, s’apparentent à des insultes. Dans la foulée de Donald Trump, et deux ans après lui, les Européens sont en train de reconsidérer leur relation économique avec la Chine. C’est la première fois que l’Europe appréhende aussi clairement sa politique commerciale sous l’angle de la protection du continent, et de la réciprocité.
L’Europe reproche aux Chinois plusieurs choses. Ils subventionnent leurs exportateurs de façon considérable, dans l’acier notamment. Aussi, ils refusent l’accès des Européens à leurs marchés publics, alors que nous les laissons entrer. Par exemple, une entreprise chinoise a obtenu la concession pour gérer l’aéroport de Toulouse, alors qu’il serait impossible de faire l’opération inverse. Ils forcent également les entreprises occidentales qui investissent chez eux à faire des transferts de technologie, pour faire monter en gamme leurs propres producteurs. Enfin, ils piratent éhontément la propriété intellectuelle, en ne respectant ni les brevets des autres, ni les appellations d’origine contrôlée. (…)
Pourquoi l’Europe change-t-elle de ton ?
Un événement a été déterminant pour l’Allemagne, c’est le rachat par des intérêts chinois de Kuka, le numéro 1 européen de la robotique. Depuis, l’Europe travaille à mettre en place un mécanisme de surveillance des investissements chinois pour protéger, au plan national, les secteurs jugés stratégiques.
La guerre lancée par Donald Trump a aussi joué. Elle a levé un certain nombre d’inhibitions, car le président américain a dit tout haut ce que bon nombre de dirigeants européens pensaient tout bas depuis un moment.
Quelle est la réaction de la Chine ?
Alors que les relations entre Pékin et Washington se détériorent, les Chinois n’aiment pas ferrailler sur plusieurs fronts à la fois. Et évidemment, les exportations en Europe sont vitales pour la Chine. Du coup, lors du dernier sommet sino-européen, le mois dernier, le ton des Chinois s’est fait plus conciliant sur l’ouverture de leurs marchés. Comme toujours, la Chine ne respecte qu’un seul argument, celui du rapport de force. (…)
(Merci à Collier d’Agneau)