« Un cabinet de curiosités qui ouvre sur le monde et nous invite à le visiter en bonne compagnie. » C’est ainsi que Florence Braunstein et Jean-François Pépin, auteurs de Culturissime. Le grand récit de la culture générale (Gallimard, 2017) définissent en introduction leur ouvrage. Habitués du genre – ils sont également les auteurs de La Culture générale pour les nuls (First, 2006) et Un kilo de culture générale (PUF, 2014), deux succès de librairies –, parviennent-ils à définir cet objet à la fois connu de tous, indéfinissable et typiquement français qu’est la culture générale ?
Leurs ouvrages donnent quelques réponses en creux : un savant équilibre entre humanités classiques, savoir scientifique, faits d’actualité et culture populaire, le tout servi sur un ton divertissant. Pourtant, dès les premières pages de Un kilo de culture générale, les auteurs se lancent dans ce qui ressemble à une justification, et ce sur un double front : celui de ceux qui soupçonnent la culture générale de niveler toute connaissance au niveau du Trivial Pursuit. Et ceux qui, au contraire, voient dans la culture générale le déguisement démocratique de la culture bourgeoise, qui, en s’imposant toujours comme l’horizon de « ce qu’il n’est pas permis d’ignorer », reste un redoutable outil de sélection sociale. […]
Comme le souligne Sudhir Hazareesingh, historien des idées, professeur à l’université d’Oxford et auteur de Ce pays qui aime les idées. Histoire d’une passion française (Flammarion, 2015) : « Dans l’expression “culture générale”, c’est d’abord la référence à la généralité qui m’interpelle. En France, depuis le XVIIIe siècle, dans la lignée de l’encyclopédisme, la vie intellectuelle a été surdéterminée par le principe d’érudition, d’accumulation de connaissances dites générales. Cela s’est traduit dans le champ des idées par un culte de l’abstraction, et par l’existence d’institutions, notamment scolaires ou universitaires qui produisent de la généralité. » […]
Merci à Hypatie