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« J’ai pu aider plus de mille migrants (ivoiriens comme africains) en situation de précarité. Très appréciée des autorités italiennes parce qu’ils voient en moi, un exemple d’intégration réussi. La chance que j’ai, c’est que madame le Maire de Naples (Italie) m’a nommée Coordinatrice nationale chargée d’immigration dans son parti politique. » Ci-dessous l’histoire de cette ivoirienne qui se consacre à la cause de ses concitoyens migrants en situation irrégulière lors du transit en Italie.

La migration irrégulière prend de l’ampleur avec la guerre en Libye et la crise post-électorale en Côte d’Ivoire

Je suis Fatou Diako, présidente de l’association HAMEF Italie, basée précisément à Naples. Originaire de la Côte d’Ivoire, d’une mère de l’ethnie Bété et d’un père sénégalais, cela fait 19 ans que je réside en Italie. Depuis 2011, le flux migratoire a commencé à prendre de l’ampleur avec la guerre en Libye et la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. C’est à ce moment que beaucoup de nos frères (ivoiriens) ont commencé à sortir et immigrer clandestinement. Beaucoup d’entre eux travaillaient déjà en Libye, quand malheureusement le président libyen Kadhafi a été assassiné. Depuis ce temps, tous les africains ont commencé à immigrer en Italie, étant le pays le plus proche de la Libye. […]

Quand j’ai vu tous nos frères (ivoiriens) arriver en Italie dans des conditions difficiles, j’ai décidé de m’engager à leur porter assistance. La chose la plus importante en Italie, c’est la langue. Quand vous arrivez, personne ne vous connait ni ne vous comprend. Résidant en Italie depuis des années, j’ai entrepris donc de mettre un bureau en place pour aider les frères à s’intégrer facilement. La base de l’intégration étant la langue, des volontaires se joignent à moi pour qu’ensemble, nous puissions soutenir les frères (africains) dans l’apprentissage de la langue italienne et les formations de base.

De l’accueil à l’assistance aux migrants en situation de précarité

C’est difficile parce que quand les frères arrivent dans un pays, la première des choses qu’ils font c’est de trouver un point de repère, une personne de leur pays d’origine. Ils cherchent leur communauté. Etant donné que moi, j’habite à Naples et que c’est là qu’il y a beaucoup d’africains, ils ont alors commencé par s’approcher de moi et à me demander de l’aide pour l’amélioration de leurs conditions de vie dans les centres d’accueil des migrants. Sachant que l’accès dans les centres d’accueil est interdit, beaucoup parmi eux se rendent chez moi pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils y vivent. Mon combat a été de lutter pour que des centres soient fermés par les autorités italiennes. Mon association faisant la promotion de la culture ivoirienne sur le territoire napolitain a permis à beaucoup de nos frères de pouvoir parler et se faire connaitre à travers des initiatives économiques et culturelles. Nous avons organisé des soirées pour présenter les talents et potentialités de jeunes ivoiriens immigrés aux autorités italiennes. A travers ces évènements, nous avons attiré beaucoup de personnes des autres villes, telles que les ivoiriens et sénégalais de Palerme qui nous ont appelés. Les gens se disent : voici notre sœur qui s’occupe de nous, les burkinabés, gambiens toutes les autres nationalités ont commencé à venir vers moi. Nous avons formé un bon groupe d’africains. Les ivoiriens ont plus de chance parce que que je suis des leurs. A travers ces soirées, les jeunes ivoiriens ont commencé à émerger socialement et économiquement en Italie.

Des conditions de vie déplorables dans les centres d’accueils de migrants en Italie

Les frères (ivoiriens ou africains) étaient beaucoup malades. Des cas fréquents de tuberculose à cause du changement de climat et fièvre jaune. A ce niveau, il faut noter qu’il fallait pour nous, les aider à être évacués à l’hôpital et surtout les assister pendant les consultations puisque ne parlant pas la langue. Ils ne peuvent pas dire au docteur ce dont ils souffrent. Raison pour laquelle, à chaque fois qu’ils s’adressent aux dirigeants des centres d’accueil, ils leur répondent : « non, demain, après-demain ». Les frères qui souffrent beaucoup, sont obligés de sortir pour venir chez moi, me demander de l’aide. J’ai donc lutté pour qu’on me donne l’autorisation de rentrer dans les centres et voir dans quelles conditions les frères y vivent. J’y ai découvert de l’indifférence totale des gérants (italiens) à l’égard des migrants africains en situation de détresse. Ils ne sont pas considérés car ayant été sauvés de la mer. Du coup, parce que vous avez été sauvés, il n’y a point d’attention à votre égard, vous devez attendre que le juge vous reçoive.

Le millier de migrants qu’elle a assisté et ses relations avec les autorités italiennes

J’ai pu aider plus de mille migrants (ivoiriens comme africains) en transit qui ont passé un temps chez moi à domicile (Naples). Je suis très appréciée des autorités italiennes parce qu’ils voient en moi, un exemple d’intégration réussi. Pour eux, je suis un point focal très important pour nos frères. A chaque fois qu’il y a un débat politique, les autorités m’invitent pour que je contribue et voir comment je peux aider nos frères qui sont dans les difficultés, parce que n’oublions pas la nouvelle loi anti-migration (Matteo Salvini) en Italie. La chance que j’ai, c’est que madame le Maire de Naples m’a nommée Coordinatrice nationale chargée d’immigration dans son parti politique. Quand il y a un problème, je lui en parle automatiquement. […]

Abidjan.net

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