24/05/2019
Fdesouche a rencontré Daniel, le vigile portugais jugé mardi. Après avoir été arrêté, il a passé 3 jours au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Vincennes et il fait toujours l’objet d’une interdiction de séjour en France de 12 mois, délivrée à son encontre par le Préfet de Police de Paris, témoignage.
Je m’appelle Daniel D. Je suis citoyen portugais. Je réside depuis 22 ans en France, où j’ai toujours étudié puis travaillé en CDI, principalement dans le domaine de la sécurité et de l’événementiel. Je vis avec ma compagne, d’origine ukrainienne, en banlieue parisienne et nous avons une petite fille de 5 ans, née en France et scolarisée.
Ce 1er mai 2019 restera longtemps synonyme d’incompréhension. Ce qui était au départ un banal contrôle de police s’est vite transformé en une véritable descente aux enfers pour moi et ma famille.
27 heures au dépôt du Palais de justice succèdent à 48 heures de garde-à-vue. Photos anthropométriques, prise d’empreintes, prise d’ADN, interrogatoires dans divers commissariats parisiens, au milieu de groupes de Black Blocs, venus en découdre bruyamment face aux forces de l’ordre… Arrive enfin la comparution devant le tribunal correctionnel.
Devant la cour, qui a finalement décidé de reporter la date du procès au mardi 21 mai, la Préfecture de Police de Paris m’a signifié une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sans délai de départ volontaire. J’ai été immédiatement placé dans le Centre de Rétention Administrative (CRA) de Vincennes, en vue de mon expulsion au motif que je constituerais une « menace à l’ordre public », que je ne pourrais pas « justifier d’un domicile fixe en France » et que je représenterais « une charge trop lourde à assumer pour les organismes sociaux ».
En outre, ma compagne a fait l’objet d’une enquête sociale, afin de déterminer si nous vivions bien ensemble et si ni elle ni ma fille n’étaient maltraitées.
J’ai heureusement pu rassembler tous les documents et témoignages établissant le fait que je travaille bel et bien dans la sécurité, en CDI depuis des années, que je vis à l’adresse qui figure sur mes papiers, que ma fille est née en France, que je paie mes impôts, que je bénéficie d’une couverture sociale et d’une mutuelle, que je parle couramment le français, que je ne suis pas un délinquant, etc.
Tous ces éléments ont permis à mon avocat de faire annuler devant le Juge des Libertés et de la Détention, en première instance, puis en appel devant le Tribunal Administratif, l’OQTF décrétée à mon encontre.
J’ai ainsi pu sortir de l’enceinte du CRA au bout de trois jours et trois nuits particulièrement éprouvants, en ce début de ramadan. J’étais le seul citoyen Européen, d’un pays membre de Schengen à être ainsi détenu, à la grande surprise des fonctionnaires présents assurant le bon fonctionnement des lieux.
Le procès de mardi a remis les pendules à l’heure quant à la « menace » que je représenterais, par rapport aux « armes » que je transportais dans le véhicule.
Cependant et malgré ces décisions de justice rendues en ma faveur, l’épée de Damoclès que constitue l’interdiction de circuler durant 12 mois en France pèse toujours sur moi.
23/05/2019
Ce mardi, deux hommes comparaissaient au tribunal de police de Paris pour “détention d’arme et recel de vol”. Les deux jeunes pères de famille mis en cause sont des vigiles d’un bar de nuit du quartier Saint-Michel. Pour leurs avocats, la police a “inventé tout un scénario“. […] Le Tribunal, convaincu par les plaidoiries des avocats et la bonne foi des prévenus, n’a pas retenu le recel pour vol. En revanche, Salim et Daniel sont condamnés à 1.000 euros d’amende chacun pour détention d’armes – les matraques – car ils ne disposent pas des autorisations nécessaires.
Le 1er mai au matin, les deux hommes finissent leur service. Avant de rentrer chez eux en proche banlieue en voiture, ils s’arrêtent à proximité des Champs Elysées pour filmer des devantures de magasins dégradés par les précédentes manifestations de Gilets Jaunes. Quand ils reviennent vers leur véhicule, des CRS inspectent la voiture. Ils ont remarqué à l’intérieur un casque estampillé d’un logo ‘Press’. Intrigués, ils demandent aux deux hommes d’ouvrir la voiture pour la fouiller. Les deux hommes s’exécutent et préviennent les CRS : ils ont dans le coffre des bâtons télescopiques et du gaz lacrymogène dont ils se servent, disent-ils, dans le cadre de leur métier de vigile pour séparer des individus qui se battraient à coups de couteaux et de tournevis..
[…] Les deux vigiles sont immédiatement embarqués par les forces de l’ordre et placés en garde-à-vue. Face aux juges, Salim et Daniel plaident la bonne foi. Ils se sont “retrouvés au mauvais endroit, au mauvais moment.” Etaient-ils des Gilets Jaunes casseurs? Les investigations des policiers sur le profil des deux vigiles n’ont rien donné. Ils n’ont participé à aucune des manifestations précédentes et le seul ‘lien’ est l’appartenance de Salim au groupe Facebook La France en Colère. […]