Dimanche, les défenseurs de l’idée européenne n’ont qu’une ressource : voter pour l’une des nombreuses listes de démocrates convaincus, explique Jérôme Fenoglio, directeur du « Monde, dans son éditorial du 24 mai, intitulé “Voter pour l’Europe, quelles que soient les déceptions et les critiques”.
Une ombre grandit sur l’Europe. Partout, des partis nationalistes et xénophobes progressent, en attaquant, non pas seulement la réalité de la construction lancée il y a plus de soixante ans, mais son idée même. Au pouvoir dans plusieurs pays, à leurs portes dans d’autres, leurs leaders affichent une alliance de façade et des programmes en trompe-l’œil qui ne peuvent guère entretenir d’illusions sur les conséquences de leur éventuelle victoire sur le continent : le démantèlement de l’Union et de ses valeurs communes, l’affaiblissement de chaque nation, rendue à son isolement, la remontée des risques de conflits dans toute l’Europe.
Sous nos yeux, la tragédie du Brexit, déclenchée en grande partie par quelques-uns de ces activistes racistes et violents, est un avertissement brutal sur la vitesse à laquelle les repères d’une société peuvent se perdre, les systèmes politiques les plus anciens peuvent se défaire. […]
Le camp des européens convaincus aura la lourde tâche de s’atteler à la reconstruction de l’idéal de l’Union. Car les électeurs des candidats nationalistes ne sont pas apparus par génération spontanée. Ils se sont détournés de la construction européenne à cause de ses choix politiques – primauté de l’économique sur le social – et de ses défauts d’écoute – déni du référendum de 2005 en France. Rien de tout cela n’est irrémédiable.[…]