En 2014, le Front de gauche, composé principalement du PCF et du Parti de gauche (PG, matrice de LFI), avait obtenu 6,61 % des voix. Ce dimanche, les « insoumis » n’ont donc pas fait mieux. […] Ce résultat est un revers pour la formation mélenchoniste. L’objectif maintes fois répété était d’atteindre 11 % des voix, soit le score de LFI lors des élections législatives de 2017. Les « insoumis » en sont loin. Il va sans dire que les mines étaient déconfites, dimanche soir, au Belushi’s, le café près de la gare du Nord à Paris, où LFI avait organisé sa soirée électorale.
« Ce n’est pas une soirée heureuse pour nous. Pour la seconde fois en France, l’extrême droite gagne l’élection européenne. Notre pays prend une pente que nous continuerons à combattre », a estimé Jean-Luc Mélenchon après l’annonce des résultats qu’il a qualifiés de « décevants » pour sa formation. « M. Macron semble avoir perdu le match qu’il avait voulu installer de façon irresponsable. Notre pays s’enfonce dans une crise profonde. (…) Nous saurons assumer nos responsabilités et j’invite à se fédérer tous ceux qui partagent cette volonté. C’est l’heure des combats et des caractères », a-t-il poursuivi.
Cet échec est d’abord celui d’une stratégie, celle de faire de ce scrutin un « référendum anti-Macron ». Pensé à l’été 2018, quand LFI jouissait de bons sondages et que le RN semblait en crise, ce mot d’ordre s’est finalement retourné contre ses concepteurs qui entendaient convaincre les nombreux abstentionnistes et profiter d’un « vote utile » contre le président de la République, sûrs de leur statut de « premier opposant ». Comble de tout, c’est le parti d’extrême droite qui a, in fine, profité du mécanisme du vote utile contre le chef de l’État, puisqu’il était le mieux placé dans les sondages pour battre la liste emmenée par Nathalie Loiseau. […]