Pour Arnaud Benedetti, professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne, le camp de la majorité aurait tort de crier victoire trop vite. Il rappelle que si LREM confirme qu’elle possède une base électorale solide, celle-ci se resserre néanmoins sur une couche sociale élitiste et peu rassembleuse.
[….] Le récit communicant suscité par cet échec – Macron avait fait symboliquement de la défaite du RN l’un des enjeux de la consultation – permet d’occulter «ce qui ne se voit pas», pour reprendre la distinction de l’économiste Frédéric Bastiat, au profit de «ce qui se voit». Qu’est ce qui se voit? La résistance du socle électoral des marcheurs… Ce qui ne se voit pas? Le fait que le RN ait gagné 1 million de voix par rapport à 2014, qu’il soit en tête dans 76 départements, que Macron soit confronté à 8 électeurs sur 10 après deux ans de mandat opposés à sa politique, à sa majorité, à son style aussi… L’effet d’optique irradie l’impression immédiate et dissimule la sociologie politique profonde du scrutin qui est loin de jouer en faveur du pouvoir. […]Macron fédère une base sociologique motivée, politisée, consciente que pour défendre ses intérêts il faut qu’elle fasse bloc. Marx eut fait son miel analytique de cette séquence historique. Peut-être comme jamais depuis la moitié du XIXe siècle, la société du haut ne s’était aussi savamment organisée pour assurer la protection de sa vision du monde. Il a su récupérer la droite ordolibérale, conformiste, paternaliste qui a volé à son secours lors de cette élection au détriment de François-Xavier Bellamy. […]