« À cette époque, le roi de France Charles VIII, avait interdit les monnaies étrangères dont il espérait récupérer le métal précieux pour financer ses guerres, rappelle Stéphane Alix. Toutes ces pièces, fabriquées en argent pur ou présentant un taux d’or très élevé, avaient donc été cachées pour leur valeur métallique. »
La plupart semblent avoir très peu circulé. La majorité de ces pièces a été émise hors de Bourgogne, dans les états du Saint-Empire (Brabant, duché de Savoie, Palatinat) et les principautés italiennes (Milan, États pontificaux, Ferrare, Venise). Une seule pièce du royaume de France a été identifiée (Louis XI). On retrouve une grande proportion de monnaies italiennes, en particulier des pièces lourdes appelées testons, en argent milanais des Sforza.
Ces monnaies témoignent souvent, en particulier chez les princes italiens, d’une forte personnalisation de l’iconographie, héritée pour partie des codes de l’Empire romain. Ce renouveau iconographique participe des styles de la Renaissance italienne. Il s’agit également souvent de pièces lourdes, qui montrent la puissance de ces seigneurs et leur volonté d’en faire des monnaies de référence. […]
L’ensemble constitue également un précieux témoignage sur la fréquentation du lieu à la fin du XVe siècle. L’origine des monnaies, la relative richesse du lot – peut-être des économies familiales réalisées petit à petit, sur une période d’une quinzaine d’années – renvoient à la sphère sociale marchande, au monde du négoce européen. Les lieux d’émission couvrent des territoires qui jouent un rôle moteur dans le commerce européen de l’époque ou qui sont en connexion avec le monde bourguignon (Brabant, Italie du Nord).
Le pendentif associé au dépôt évoque, lui, la sphère privée du couple. Caractéristique des médaillons de mariage de la fin du Moyen Âge, il arbore les monogrammes V et C réunis par une cordelière en or. À l’image des nombreux bijoux reproduits sur les portraits de l’époque, il comprenait sans doute une perle suspendue. Plus modeste que les parures affichées dans les cours princières ou ducales, ce monogramme montre un glissement de l’usage depuis la noblesse vers une frange moins prestigieuse de l’aristocratie ou de la bourgeoisie aisée.
« Les circonstances précises du dépôt demeurent incertaines, mais cette poignée de monnaies reflète cette fin de siècle à Dijon », estime Stéphane Alix. C’est en effet l’époque de la chute de Charles le Téméraire, de l’annexion du duché de Bourgogne et de l’arrivée des troupes du roi de France dans les murs de Dijon alors que, par-delà les Alpes, se fait entendre le bruit des guerres d’Italie.