Six hommes ont été jugés vendredi 31 mai pour avoir tenté d’attaquer un camp de Roms à Bobigny en mars.
Aucun d’eux n’a donné l’impression à la barre d’être conscients d’avoir été animés par des préjugés racistes.
Ils pourraient être des « Dupont Lajoie » du XXIe siècle. Eux ne s’en sont pas pris pas à des ouvriers algériens, comme dans le film d’Yves Boisset. Ces six prévenus, debout côte à côte dans la salle d’audience de la 18e chambre du tribunal de grande instance de Bobigny (Seine-Saint-Denis), ont été jugés vendredi 31 mai pour avoir tenté de mener une « expédition punitive » contre un campement de Roms dans la nuit du 25 au 26 mars 2019, à Bobigny, selon les mots des enquêteurs.
Le poids de la « rumeur »
Ces habitants de Chelles (Seine-et-Marne) ont entre 23 et 27 ans, ils sont manager d’un magasin de chaussures de sport, futur conducteur de train, chômeur ou intérimaire, souvent titulaires du bac et déjà père de famille pour l’un d’entre eux. Deux ont connu de courts passages en prison, d’un ou deux mois. Des copains de foot. À les entendre, s’ils se sont retrouvés en pleine nuit devant un bidonville de la région parisienne, c’était juste pour « voir si c’était vrai ». « Quoi ? », demande la présidente. « La rumeur », répond un prévenu.
[…][…]« D’après ce qui se disait, ils font du trafic d’organes », dit l’un devant la cour. « On s’est chauffé la tête », poursuit un autre. « J’ai un ami qui m’a dit que son petit frère a failli être enlevé, ajoute un troisième. J’ai paniqué. Sur le coup, j’ai pas réfléchi. »
« Dans ma tête, il n’y avait pas de racisme »
À la barre, ces banlieusards assurent tour à tour qu’ils ne venaient pas pour attaquer qui que ce soit, mais seulement pour vérifier si la rumeur était fondée. « On voulait parler », ose l’un.
[…]Lui se justifie en prétextant avoir « voulu faire l’intéressant, pour amuser la galerie ».
« C’était n’importe quoi,affirme-t-il désormais. Avec le recul, je me rends compte que j’ai fait des amalgames, comme on en est victimes nous-mêmes. »
Car tous ces jeunes Français sont d’origine africaine.
[…]L’article dans son intégralité sur La Croix