Le pape François a béatifié dimanche sept évêques gréco-catholiques roumains, des «martyrs de la foi» emprisonnés et torturés par le régime communiste.
(…) Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1948, ces hauts prélats ont été arrêtés par des agents du régime communiste, sous l’accusation de «haute trahison», pour avoir refusé de se convertir à l’orthodoxie. Torturés et humiliés, ils sont morts en détention ou en réclusion dans un monastère orthodoxe et enterrés furtivement, les lieux de sépulture demeurant secrets pour quatre d’entre eux.
Symboliquement, des barreaux des cellules où ils ont été emprisonnés ont été incorporés dans le trône créé spécialement pour la venue du pape. Les uniates sont des catholiques de rite byzantin issus d’une scission au sein de l’orthodoxie remontant à la fin du 17e siècle, lorsque la région de Transylvanie (centre) faisait partie de l’empire austro-hongrois: tout en conservant leurs pratiques orthodoxes, ils ont reconnu l’autorité du pape. Une allégeance que les communistes ne pouvaient tolérer : un décret adopté fin 1948 a interdit de facto le gréco-catholicisme et affirmé que ses fidèles étaient «revenus au culte orthodoxe». L’Eglise orthodoxe s’est ainsi vu attribuer les biens, et notamment les lieux de culte, de ces nouveaux hors-la-loi. (…)
Sur les plus de 2.000 églises saisies par les communistes, moins de 150 leur ont été restituées ces trente dernières années. (…)
(…) Cette Divine Liturgie, selon le rite de St Jean Chrysostome, s’est tenue à Blaj, dans le centre de la Roumanie, au «Champ de la liberté», lieu éminemment symbolique pour les Roumains: c’est là que le 15 mai 1848, plus de 40 000 d’entre eux se rassemblèrent pour demander la reconnaissance du peuple roumain comme nation, dans le sillage du «Printemps des peuples» qui traversait alors toute l’Europe. Un siècle plus tard, le 15 mai 1948, en cette même place, le régime communiste inféodé à Moscou exigea des gréco-catholiques qu’ils rompent leur lien avec Rome pour rejoindre l’Église orthodoxe. Pour ceux qui refusèrent: les persécutions et la mort.
Ce fut les cas pour les évêques Vasile Aftenie, Valeriu Traian Frentiu, Ioan Suciu, Tit Liviu Chinezu, Ioan Balan, Alexandru Rusu, Cardinal Iuliu Hossu et tant d’autres.
Il est donc peu de dire que leur béatification, présidée ce dimanche par le successeur de Pierre en personne devant près de 100 000 personnes (selon les chiffres du gouvernement roumain), exprime une véritable résurrection pour cette petite Église que l’on s’était pourtant juré d’abattre. (…)