Henri Konan Bédié voudrait mettre la Côte d’Ivoire à feu et à sang, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, remet au gout du jour ses propos qui incitent à la haine tribale et ethnique qui ont divisé les Ivoiriens pendant son règne de 1993 à 1999. Recevant le mercredi 5 juin 2019 une délégation de son parti dans son fief de Daoukro, l’ancien président ivoirien, 85 ans, a servi à ses hôtes son plat préféré qui pue la xénophobie. «On fait venir des étrangers armés qui sont stationnés dans beaucoup de villages… Il faut simplement que nous soyons conscients que le moment venu, nous agirons pour empêcher ce hold-up de la Côte d’Ivoire, sous le couvert de l’orpaillage… Il faut que nous réagissions pour que les Ivoiriens ne soient pas étrangers chez eux, car actuellement on fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela…», a soutenu, l’homme qu’on appelle aussi N’Zuéba, dans un discours certes tenu à huis clos mais qui s’est retrouvé dans la presse. Pour qui connait Bédié, ces propos ne devraient pas surprendre tant celui-ci est habitué à jouer sur la fibre tribale pour mobiliser ses militants, surtout qu’il a en face de lui un certain Alassane Ouattara. […]
Il faut craindre que le retour des propos qui attisent la haine tribale et le rejet de l’étranger dans le débat politique ramène la Côte d’Ivoire en arrière. Le pire pourrait arriver surtout que cela intervient au moment où des conflits intercommunautaires ont éclaté dans plusieurs régions du pays. […]
Certes, le samedi 8 juin 2019, le gouvernement ivoirien a condamné dans une déclaration les propos d’une «extrême gravité» de Henri Konan Bédié, le président du PDCI «appelant à la haine de l’étranger». «Ces propos d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger, sont de nature à mettre en péril, au-delà de la paix et de la cohésion sociale l’unité nationale et la stabilité du pays», a estimé Sidi Tiémoko Touré, le porte-parole du gouvernement ivoirien.
Cela suffira-t-il pour freiner tous les «ivoiritaires» tapis dans l’ombre? Rien n’est moins sûr, les politiciens ayant la maîtrise de l’art d’ensemencer et entretenir la graine des violences inter-ethniques et inter-religieuses pour assouvir des intérêts égoïstes et très personnelles. Pourvu que les Ivoiriens, dans leur ensemble, bannisse définitivement le «et/ou» du code non écrit de nationalité, afin d’éviter de rentrer dans le jeu divisionniste malsain des hommes politiques, pour une Côte d’Ivoire unie qui restera le «pays d’hospitalité» de «l’Abidjanaise» son hymne national.
(Merci à Tantie Mawcelle)