Malgré un cheptel national considérable, on estime que près de 30 % des animaux abattus dans le pays viennent de l’étranger.
Avec 200 millions d’habitants et l’émergence d’une classe moyenne, la demande du Nigeria en protéines animales explose. Le défi est colossal : nourrir une population toujours plus nombreuse, malgré une production locale insuffisante et une compétition féroce pour l’accès à la terre. « A l’heure actuelle, le Nigeria est incapable de produire suffisamment de viande et de lait pour répondre aux besoins de sa population », explique à l’AFP Jimmy Smith, le directeur général de l’Institut de recherche international sur l’élevage (ILRI), basé à Nairobi, au Kenya.
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A l’échelle de l’Afrique, on comptera quelque 2,5 milliards d’habitants d’ici trente ans[…]
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Comme dans la plupart des pays africains, la filière de la viande au Nigeria repose essentiellement sur le pastoralisme, un système d’élevage traditionnel perçu comme peu productif et pratiqué depuis des millénaires par les bergers transhumants peuls, shuwa ou kanouri. A chaque saison sèche, les éleveurs descendent des zones sahéliennes et arides en quête d’eau et de pâturages pour leurs bêtes, vers les plaines fertiles du centre et du sud.
Mais depuis le début du XXe siècle, les sécheresses, l’urbanisation galopante et l’expansion des surfaces agricoles entravent leur mobilité et génèrent des conflits parfois sanglants avec les fermiers sédentaires. Au Nigeria, les violences ont fait 7 000 morts en cinq ans et coûteraient 13 milliards de dollars (environ 11,4 milliards d’euros) par an à l’économie, selon un rapport de l’ONG Mercy Corps publié en mai.
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