Il fallait bien trouver […] un endroit pour raconter cette «diagonale du vide» sur laquelle théorisent en France, depuis des décennies, les géographes et les économistes. {…] Ces lieux avaient un sens. Historique. Culturel. Socio-économique, au vu de leurs taux de chômage élevés et de leur forte densité de «gilets jaunes», entre novembre et mai.
Puis une autre idée s’est imposée en relisant Damnés Français, de Mark Twain. Nous sommes aux alentours de 1880. Le grand écrivain américain parcourt la France pour percer le secret de cette nation qu’il compare pour sa férocité – tenez-vous bien – aux Indiens comanches! Il nous fallait un lieu emblématique de ces Français capables, selon Twain, «des plus minuscules petitesses et des plus hautes grandeurs concevables», mus «d’un instinct sournois, sanguinaire et meurtrier», capables, «s’ils sont disciplinés et entraînés, de se transformer en les plus redoutables soldats».
Un lieu symbole de cette «vanité gigantesque qui les pousse à tenter des miracles»… Nous voici à scruter la carte. Nous démarrerons là où tout a commencé. Parce que les Helvètes ont quelque chose à voir dans cette histoire et parce que, en France, les grandes défaites sont toujours magnifiées: à Alésia, où Vercingétorix, en 52 avant J.-C., perdit la Gaule face aux légions de Jules César. […]