2/07/19
Deux enseignantes, Barbara Lefebvre et Anne-Sophie Nogaret, dénoncent la participation de hauts représentants de l’État à un colloque sur l’extrémisme organisé à Bobigny. Parmi les invités, la présence de certains militants indigénistes fait craindre selon elles un discours complaisant à l’égard du djihadisme.
(…) Le Figaro
1/07/19
Programme Colloque International by Anonymous ePhciX1 on Scribd
En tant que sociologue, Saïd Bouamama développe une sociologie des dominations prenant pour objets les questions liées aux quartiers populaires et ouvriers, à l’immigration et la place des personnes issues de l’immigration dans la société française, les jeunesses et la citoyenneté, les différentes formes et expressions des discriminations de sexe, de « race2 » et de classe, etc.
Il a publié plusieurs ouvrages et a contribué à de nombreuses publications collectives tels que le Dictionnaire des inégalités ou Culture coloniale publié aux éditions du CNRS.
Il contribue à de nombreux sites dont Les mots sont importants, oumma.com et Quartiers Libres.
Membre de l’association Intervention Formation Action Recherche (IFAR), il y est chargé de recherche et formateur de travailleurs sociaux, et de P.H.A.R.E. pour l’Égalité (Praxis Histoire Action-Recherche Éducation Populaire pour l’Égalité), organisme d’intervention sociologique qu’il a co-fondé.
Prises de positions et engagements politiques
Militant de gauche, Saïd Bouamama est impliqué à la fois dans des luttes syndicales et ouvrières et dans des luttes liées à l’immigration et contre le racisme; il est également affilié à la CGT, un des porte-parole du Comité de soutien aux sans-papiers de Lille, et membre de la Coordination communiste.
Philippe Bernard, journaliste au Monde, le présente comme un « sociologue d’extrême gauche antinationaliste et militant d’un nouveau rapport aux “différences” ».
Il est aussi présenté en 2005 par le journal Libération comme un soutien de l’humoriste Dieudonné.
Il a participé à différentes « luttes de l’immigration » et « luttes ouvrières », dès les années 1970 et a milité depuis le début de son engagement pour un « mouvement autonome de l’immigration ». Il a par ailleurs participé à la Marche pour l’égalité et contre le racisme en 1983 et aux mouvements similaires dans les années qui ont suivi (« Convergence 1984 », « Divergence 1985 ») requalifiées en « marche des Beurs », terme qu’il récuse au fil de ses travaux, tout comme Abdelmalek Sayad avant lui.
Il fait partie des auteurs et signataires de l’appel « Nous sommes les indigènes de la République » en 2005 qui a débouché sur la création du mouvement des Indigènes de la République.
Il est parmi les fondateurs et animateur du Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP) créé en 2012 à la suite de deux rassemblements nationaux : le Forum social des quartiers populaires et les Rencontres nationales des luttes de l’immigration.
Il a collaboré avec des associations de lutte contre les effets de la prostitution, comme l’Amicale du « Nid », avec des féministes telles que Christine Delphy, avec laquelle il a signé un appel collectif pour des « statistiques sur les discriminations racistes ».
Le 30 novembre 2015, il est parmi les signataires de l’Appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l’état d’urgence ”
Il s’engage aussi pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah à plusieurs reprises.
En mai 2018, il participe à la conférence internationale « Bandung du Nord », organisée par le Decolonial International Network afin de « questionner la mémoire coloniale ». Selon le site Conspiracy Watch, y interviennent aussi certaines personnalités « remarquées pour leur complotisme ou leur antisémitisme », ainsi que les militants antiracistes Angela Davis et Fred Hampton Jr. (en), ou encore le journaliste Muntadhar al-Zaidi, connu pour son engagement contre la guerre en Irak.
Polémiques et prises de position
Tribune « racisme antiblanc »
En juin 2012, Saïd Bouamama fait partie des signataires d’une tribune à propos du texte d’orientation du Mrap à son congrès des 30 mars et 1er avril 2012 à Bobigny. Cette tribune critique les références du texte au racisme antiblanc (racisme qui serait pour la tribune « incapable d’être autre chose que des mots ») :
« C’est avec beaucoup d’inquiétude que nous avons découvert certains passages du texte. […] L’emploi de manière a-critique d’un telle notion, comme si elle allait de soi, soulève en effet de nombreux problème. Sans en faire la généalogie,[…] la notion de « racisme antiblanc » a émergé dans le débat politique français pour inverser les rapports de responsabilité : la « victime » ne serait plus l’immigré ou le descendant d’immigrés mais le Blanc […] Comment ne pas s’interroger sur la portée politique réelle d’une notion dont l’extrême droite identitaire s’est rapidement emparée avec avidité, comme en témoignent nombre de campagnes qu’elle mène sur ce thème […] Le Mrap n’a pas de leçon d’antiracisme à recevoir, lui que nous avons connu si courageux. Nous ne pouvons pas cependant ne pas trouver préoccupant que le texte d’orientation adopté par son congrès manifeste une telle perméabilité à des thématiques douteuses qui ne peuvent que semer la confusion parmi les militants antiracistes […] . »
Plainte de l’AGRIF
À la suite d’une plainte de l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (AGRIF), association d’extrême droite qui a également attaqué Charlie Hebdo, Saïd Bouamama et Saïdou (Saïd Zouggagh de son vrai nom) du groupe de rap Zone d’expression populaire, sont mis en examen en octobre 2012 pour « injures publiques envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une race ou une religion » pour avoir co-écrit en 2010 le livre-CD Nique la France – Devoir d’insolence.
En novembre 2012, des comités locaux se mobilisent à travers la France dans le cadre de la campagne Devoir d’insolence antiraciste en soutien aux deux inculpés, contre les accusations de « racisme » et pour dénoncer l’usage de la notion de « racisme antiblanc » par l’extrême droite. Lors du procès ont été appelés à la barre des témoins venus soutenir les deux Saïd : Dominique Lagorgette, chercheuse en sciences du langage, Olivier Le Cour Grandmaison, chercheur en sciences-politiques et spécialiste de l’histoire coloniale, Christine Delphy, sociologue chercheuse au CNRS et militante féministe historique co-fondatrice du MLF, Rokhaya Diallo, journaliste et militante associative contre le racisme, et enfin Maurice Rajsfus, militant français qui a travaillé sur les violences policières.
Le 19 mars 2015, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris les relaxe. Elle considère que les « Français blancs dits de souche » ne constituent pas un « groupe de personnes ». L’AGRIF fait appel au civil, seule, le parquet acceptant la décision du tribunal.
La cour d’appel de Paris la déboute le 9 décembre 2015, puis le 28 février 2017, la cour de cassation rejette son pourvoi en ce qui concerne Saïd Bouamama qui est donc mis définitivement hors de cause des accusations de « racisme anti-blanc ».
Saïd Zouggagh est lui renvoyé devant la cour d’appel de Lyon, qui le 12 janvier 2018, le condamne à une peine d’un euro symbolique et 3 000 euros de dédommagement à l’AGRIF. Cet arrêt de la cour d’appel de Lyon est finalement cassé sans renvoi le 11 décembre 2018 par la Cour de cassation qui déboute définitivement l’Agrif de toutes ses accusations,.
À propos de Charlie Hebdo
En 2011, Saïd Bouamama fait partie des signataires d’une pétition condamnant l’injonction à soutenir la ligne éditoriale de Charlie Hebdo au lendemain d’un attentat au cocktail molotov ayant détruit les locaux du journal satirique.
Le 11 janvier 2015, il commente sur son blog :
« Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, […] ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans. »
Conspirationnisme – complotisme
En 2015, il tient une conférence avec le polémiste Michel Collon, qui émet des propos conspirationnistes concernant cet attentat.