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“Je m’appelle Coumba*, j’ai 21 ans. Je suis arrivée en France à l’âge de 16 ans.

Je vivais à Bamako avec ma famille et à la mort de mon père on a eu de graves difficultés financières, ça se passait mal entre ma mère et les co-épouses. Un jour un cousin que je ne connaissais pas est venu proposer à ma mère de m’offrir un avenir meilleur parce qu’il me trouvait courageuse. Il m’a proposé de m’emmener en France. (…)

Arrivés en France, mon cousin m’a emmenée dans l’appartement où il vivait avec sa femme et ses enfants. (…) Je n’avais pas le droit de sortir et j’ai commencé à me demander s’il ne m’avait pas fait venir là uniquement pour garder ses enfants.(…) J’ai eu beaucoup de chance : quelques jours plus tard, la femme de mon cousin a oublié de fermer la porte à clef. Je me suis enfuie, sans rien, j’ai couru jusqu’au marché. Là-bas j’ai demandé à des gens dans la rue de m’aider. Ils ont appelé mon oncle et il est venu me chercher. (…)

Dès le lundi suivant, mon oncle m’a emmenée dans un CIO (centre d’information et d’orientation) où on m’a fait passer des tests de maths et de français. Puis j’ai été orientée vers un collège avec une classe spéciale pour les étrangers.(…)

Après cette année au collège, on m’a orientée vers un lycée (…) J’avais vu qu’il existait une école de coiffure (un lycée professionnel privé) mais c’était trop cher pour moi. La directrice de l’école a quand même insisté pour que je suive un stage chez un coiffeur. (…)

J’avais un peu honte car je ne comprenais pas toujours ce que me disait mon maître de stage en français. Mais je coiffais bien et il appréciait mon travail. Il m’a dit : “Appelle le lycée professionnel, inscris-toi, je te prends en alternance tout de suite !” En me renseignant, je me suis rendue compte que j’avais le droit à une bourse d’étude.

Mes problèmes administratifs ont commencé dès ma rentrée au lycée professionnel de coiffure. J’allais avoir 18 ans trois mois plus tard, j’ai donc fait une demande de carte de séjour. Mais elle m’a été refusée et j’ai reçu une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) en février 2017. Je n’ai pas compris pourquoi. J’ai fait un recours avec un avocat avec l’aide d’un professeur. Le lycée m’a beaucoup soutenue. (…)

Durant cette période difficile, le concours régional de la meilleure apprentie de France de coiffure m’a fait beaucoup de bien. J’ai gagné la médaille d’or de la région. Puis j’ai représenté ma région à Paris. Je n’ai pas eu de prix mais j’étais fière. (…)

Mon maître de stage veut me prendre en apprentissage dans son salon, je pourrais alors passer un BEP coiffure. Dans ma classe, six élèves n’ont pas trouvé de contrat en apprentissage. Moi, un contrat m’attend, mais si je n’ai pas de papier, je ne pourrai pas travailler. (…)

Je rêve vraiment d’ouvrir mon propre salon, de proposer un mixte de coiffures européennes avec des touches africaines, des tresses et des chignons.(…)”

 

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