Alors que la loi contre la haine sur Internet entre en discussion ce mercredi 3 juillet, les parlementaires rivalisent d’amendements pour autoriser les plateformes comme Facebook, Twitter ou YouTube à censurer sans autre forme de procès le plus de propos possibles. Quitte à faire peser un sérieux risque sur la liberté d’expression.
Connaissez-vous “l’agribashing” ? Il s’agit de “la stigmatisation des activités agricoles, d’élevage ou de vente de produits issus de l’agriculture et de l’élevage et l’incitation à des actes d’intrusion et/ou de violence vis à vis des professionnels de l’agriculture“. Qui sait, peut-être vous en êtes-vous déjà rendu coupable sur les réseaux sociaux ? Pour de nombreux députés, l’impunité de ce phénomène doit toucher à sa fin : l’Assemblée nationale se penche ces jours-ci sur une proposition de loi déposée fin mars par Laetitia Avia (LREM) “visant à lutter contre la haine sur Internet“[…] la députée veut créer un bouton de signalement qui permettra à tout un chacun de signaler un contenu choquant.
[…] Menacées d’une sanction financière astronomique si elles ne retirent pas les propos signalés en moins d’une journée, on devine aisément que les plateformes hébergeant ces commentaires n’auront aucun intérêt à juger méticuleusement chaque cas et préfèreront censurer en masse afin de minimiser les risques. La promesse d’une justice numérique, privatisée et expéditive, en somme.
De la grossophobie aux “crétins des Alpes”
La liste des amendements recèle d’autres niches : le député macroniste Guillaume Chiche veut interdire les propos discriminant “le statut sérologique des individus” […]. Dans la même veine, l’élu MoDem Jean-Pierre Cubertafon veut empêcher tout propos discriminatoire basé sur “l’apparence physique“, et prend pour se justifier “l’exemple de la grossophobie, soit les discriminations et stigmatisations envers les personnes obèses ou en surpoids“.
(…) “On constate régulièrement des commentaires haineux et insultants, à la suite de la publication d’articles de presse, de faits divers ou d’événements sportifs… : ’22 bonnes raisons de dire merde aux Corses’, ‘sales Bretons’, ‘crétins des Alpes’, ‘bougnoules du 9.3’” (…)
Tous ces amendements doivent être examinés en séance publique à partir de ce mercredi 3 juillet.