Pour la première fois depuis la guerre, le solde des échanges agroalimentaires de la France avec le reste de l’Union européenne est devenu négatif. La France a exporté pour 38,1 milliards d’euros en Europe (21,7 milliards hors UE) en 2018. Des chiffres stables (+ 2 % depuis 2011) vers l’UE face à des importations en provenance des voisins européens qui ont bondi de 24 % (à 38,4 milliards d’euros). (…)
Pour Vincent Chatellier [économiste de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra)], la France « paie le choix du localisme à tous les étages et de son positionnement haut de gamme » . Trois phénomènes se sont conjugués pour créer cette situation inédite. D’abord, « nos pays clients européens » ont tous développé leur production agricole, alors que leur population n’augmente plus. Plus grave, ils se sont trouvé des fournisseurs moins chers que la France, au rang desquels « la Pologne, qui nous a pris beaucoup de parts de marché », commente Vincent Chatellier. Un grand pays, déterminé à combler son retard et dont les ambitions agricoles s’envolent. (…)