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Selon le directeur de l’École d’affaires publiques de Sciences Po, la dégradation des conditions de vie des classes moyennes et populaires alimente la spirale de la défiance à l’égard des institutions. Face à cette crise, l’économiste plaide pour une refondation des lieux de socialisation.

LA TRIBUNE – Montée des populismes, votes antisystèmes… que disent ces phénomènes sur l’état et l’évolution de la confiance dans le monde ?

YANN ALGAN – La montée des forces antisystèmes témoigne d’une crise de confiance dans les institutions, dans les experts, les élus et les élites. Il y a également une défiance vis-à-vis des autres. Ces deux dimensions sont complémentaires mais il faut les distinguer. La défiance dans les institutions est ce qui représente le terreau commun de l’ensemble des forces antisystèmes en Europe ou aux États-Unis.

C’était aussi la matrice commune du mouvement des « Gilets Jaunes ». La confiance en l’autre est la dimension clé qui fait le grand partage des eaux entre les électeurs de la gauche radicale, beaucoup plus confiants et tournés vers un autre projet de société, et les électeurs de la droite populiste (Rassemblement national en France ou la Ligue du Nord en Italie) qui témoignent d’un rapport très dégradé aux autres qui se manifeste par un repli identitaire. C’est là tout le sujet d’un prochain livre, sur lequel je travaille avec Daniel Cohen, Elizabeth Beasley et Martial Foucault. […]

La Tribune

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