La réactivation des représentations racistes sont le fait d’une multiplicité d’acteurs dont certains se présentent comme antiracistes. Or, pour combattre le retour d’une « pensée racialiste » productrice de racisme, il est aussi nécessaire de ne pas invisibiliser l’existence d’un multi-racisme coproduit, d’un côté par des racistes “classiques” croyant en la supériorité raciale (biologique et culturelle) des “Blancs” et de la civilisation occidentale et de l’autre, par des “racistes décoloniaux occidentalophobes” développant l’idée de la nécessité d’organiser mentalement, socialement, culturellement et politiquement la revanche des “non Blancs” basée sur l’alliance des “mémoires des vaincus” de l’histoire coloniale. Inscrits dans une dynamique, celle du “retour du refoulé”, ces identitaristes partagent la haine de ce qu’ils désignent comme “Blancs”. […]
Professeur en sociologie, Manuel Boucher revient sur les ressorts multiples du racisme, qu’il soit identitaire ou décolonial. Alors que la notion de “racialisme” est au cœur de nombreux débats opposant universalistes et indigénistes, le démographe Patrick Simon, très critique contre “la stratégie antiraciste colorblind” (aveugle à la couleur), appelle à une “rupture épistémologique” en affirmant que “pour lutter contre le racisme il ne faut pas invisibiliser la question de la “race”“.