Cette jeune majeure, arrêtée à son retour en France en mai et incarcérée depuis, avait 3 ans lorsque sa mère l’a enlevée à son père à Toulouse pour partir en Syrie.
Rehane B.* parle un français rudimentaire et ne sait ni le lire, ni l’écrire. En Syrie, où la jeune femme a grandi, personne ne le lui a appris. À commencer par sa mère, une Toulousaine de 47 ans radicalisée qui l’a enlevée à son père alors qu’elle n’avait que 3 ans. De la Haute-Garonne où elle est née, Rehane B. a été amenée toute jeune sur les territoires syriens au cours de l’année 2004. Soit bien avant que ce pays ne sombre dans la guerre civile et voit émerger en son sein le califat autoproclamé du groupe Etat islamique (EI)…
Après une enfance et une adolescence passées durant quinze ans au Moyen-Orient, où elle a assisté à l’avènement puis à la chute de Daech, Rehane B. a été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste, et écrouée.
Le parcours de Rehane B., que nous révélons, est inédit dans les annales du djihad. Et pose un casse-tête à la justice française : la jeune femme doit-elle être considérée comme une simple « revenante », une djihadiste déçue par les défaites militaires de Daech ? Ou bien son rapt par sa mère ne fait-il pas d’elle aussi une victime ?
La jeune femme a été expulsée par les autorités turques en compagnie d’un mari rencontré en Syrie, Brahim L.*, et de leur bébé. C’est alors la première fois qu’elle foule le sol de son pays natal depuis son enlèvement quinze ans plus tôt. Mais la jeune femme n’a guère le temps de méditer sur ce choc culturel : dès sa descente d’avion, elle est placée en garde à vue.
Son époux, âgé de 19 ans, est dans le même temps conduit à la DGSI. Il est mis en examen et écroué quatre jours plus tard à Fleury-Mérogis. Brahim L. aurait lui aussi gagné la Syrie alors qu’il était mineur, bien plus récemment que son épouse, sous l’influence nocive de son père.