Professeur de théorie politique à l’université de Georgetown et spécialiste de Tocqueville, Joshua Mitchell analyse les ressorts d’une gauche occidentale hantée par une culpabilité quasi religieuse, qui fait du mâle blanc l’ennemi. Il s’inquiète qu’à mesure que l’État nation disparaît, les identités ressurgissent, aux dépens de la citoyenneté.
Pourquoi les nations occidentales sont-elles les seules au monde à avoir honte de leur héritage et à nier le besoin de frontières ?
Professeur à l’université de Georgetown, depuis 2005 je voyage entre Washington et le Moyen-Orient, principalement au Qatar et en Irak. J’y enseigne l’histoire de la pensée occidentale et l’économie politique. Ces cours me donnent la possibilité de parler à mes étudiants de l’Occident, de la modernité et de la nation. Il leur est difficile de comprendre pourquoi nous, Occidentaux, renonçons à nos nations et à notre héritage, pourquoi nous avons ce sentiment de culpabilité dès qu’il s’agit de nos frontières. Cette culpabilité leur échappe complètement. Je leur explique qu’il y a peu encore, en Europe et aux États-Unis, la culpabilité était une notion religieuse. A présent que les sociétés occidentales ont été déchristianisées, la culpabilité s’est déplacée dans le champ politique. […]