En prenant exemple sur le centre israélien de Beer-Sheva, le gouvernement songe à créer un campus pour rassembler les cadors français de la cybersécurité, qu’il s’agisse des industriels (comme Orange Cyberdefense, Atos, Thales ou Capgemini), des startups, du monde universitaire, de la recherche, ainsi que certaines agences et ministères.
En avril dernier, c’est une équipe française qui a remporté l’édition 2019 de Locked Shields, le prestigieux exercice international de cyberdéfense en situation réelle à Tallinn (Estonie). Cinq jours durant, 60 experts civils et militaires de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) et du ministère des Armées ont déjoué tout un éventail de cyberattaques. La France a in fine décroché la première place, devant la République Tchèque et la Pologne. Florence Parly, la ministre des Armées, s’en est félicitée : « Nous avons en France une expertise indéniable dans le domaine cyber, et surtout des personnels de talent », a-t-elle affirmé dans un communiqué de l’Anssi.
Le problème, c’est que les talents français, aussi compétents et bien formés soient-ils, ont une fâcheuse tendance à se faire la malle aux États-Unis, écrasant poids lourd en matière de cybersécurité. Michel Van Den Berghe, le patron d’Orange Cyberdefense, le pôle dédié à la cybersécurité de l’opérateur historique, déplore ce phénomène.
Le gouvernement en a bien conscience, et cherche, par tous les moyens, à enrayer cette fuite des cerveaux. L’enjeu est des plus importants à l’heure où les cybermenaces sont de plus en plus grandes, et les cyberattaques, qui émanent parfois des États, de plus en plus dévastatrices.
Voilà pourquoi la France réfléchit aujourd’hui à se doter d’un grand campus dédié à la cybersécurité. Des industriels au monde universitaire, en passant par certaines agences gouvernementales (comme l’Anssi), cette sorte de « Station F » spécialisée à vocation à réunir tous les acteurs du secteur pour échanger les bonnes pratiques et plancher sur leurs difficultés communes. […]