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Haïti s’enfonce dangereusement dans une crise sociale, politique et économique qui menace d’aggraver davantage la situation déjà tragique du pays, considéré comme le plus pauvre de l’hémisphère sud. Dans cette « jungle » des Caraïbes, plusieurs dizaines de morts par balle ont déjà été enregistrées cette année, les dernières victimes ayant été recensées du 5 au 13 juillet 2019 dans le bidonville tristement fameux de La Saline, où un groupe de bandits lourdement armés a tué une vingtaine de personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants.

Le risque qu’Haïti sombre dans le chaos est si réel que des voies autorisées de la société civile nationale, des milieux religieux et du secteur des affaires se relaient à réclamer la démission de Jovenel Moïse, qui s’accroche à un pouvoir dont le contrôle paraît lui échapper irrémédiablement. […]

Une bonne moitié de la population haïtienne de 11,4 millions d’habitants vit en dessous du seuil de pauvreté (avec 2,41 $ par jour), tandis qu’un quart vit dans l’extrême pauvreté (avec moins de 1,23 $ par jour). Dans un récent rapport, l’ONU estime que le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire en Haïti entre mars et juin 2019 est d’environ 2,6 millions, dont 2 millions en situation de crise et 571 000 en situation d’urgence.

Sans gouvernement fonctionnel ni nouveau budget, le pays connaît une croissance économique anémique et affiche un taux d’inflation qui a atteint 18,6 % en juin 2019. Derrière les gesticulations du président Moïse, c’est donc tout un pays qu’il est méthodiquement et impitoyablement en train de sacrifier à ses intérêts personnels et à ceux de son clan, c’est-à-dire un secteur influent et réfractaire au changement de la bourgeoisie haïtienne, dont il a transformé la présidence haïtienne en un secrétariat privé. […]

Le Devoir

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