Avec ses 22 000 habitants, Villeneuve-sur-Lot, sous-préfecture du Lot-et-Garonne, n’échappe pas aux difficultés que rencontrent la plupart des villes moyennes, où vit près du quart de la population française.
Une atmosphère fantomatique se dégage de ce centre-ville. On peut passer de longs moments à arpenter les rues sans croiser un quidam, surtout avant midi et après 19 heures.
[…] Avec ses 22 000 habitants, cette sous-préfecture du Lot-et-Garonne n’échappe pas aux difficultés que rencontrent la plupart des villes moyennes, où vit près du quart de la population française. “Il n’y a pas que Villeneuve qui est touchée : à Marmande, Cahors, Dax, Mont-de Marsan, c’est la même galère !“, lâche un commerçant, pas vraiment ravi que sa ville ait été choisie pour illustrer le phénomène de désertification des centres-villes. […]
A 85 ans, Maurice Lang décrit une ville qu’on peine à imaginer. “Les franchises n’envahissaient pas encore la ville. Chaque magasin avait sa spécialité. Il y avait deux quincailleries, plusieurs boutiques d’électroménager, des magasins de retouches avec sept ou huit personnes en permanence. Le chômage n’existait pas.” Dans le Villeneuve de la famille Lang, “on pouvait faire toutes ses courses dans la seule rue de Paris“, le bureau de tabac de la rue de l’Eglise comptait “2 000 passages par jour” et on se garait un peu où l’on voulait. […]
Chaque année, les villes moyennes perdent des habitants ou n’en gagnent plus. Les ménages aisés préfèrent aller s’implanter en périphérie. C’est la possibilité pour eux d’avoir accès à une maison avec jardin “plutôt qu’un appartement en assez mauvais état et mal isolé en centre-ville” pointe Nicolas Rio. Cette tendance s’observe très nettement sur la carte interactive map.datafrance.info, mise en ligne à partir de données de l’Insee. La part de logements vacants dans les villes moyennes dépasse très souvent les 10% : elle atteint 11% à Châteauroux (Indre), 12% à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), 15% à Annonay (Ardèche) et même 21% à Vichy (Allier). […]
Alain Thouvenot, patron du restaurant Le Tortoni à l’entrée de la ville, a vu la misère gagner du terrain. “En sept ans, j’ai constaté une grande évolution de la population du centre-ville“, confie ce quadragénaire, en baissant la voix. “ On se retrouve avec une population ‘CAF’ qui n’a pas de pouvoir d’achat. Les gens regardent beaucoup plus leurs dépenses : quand ils déjeunent, ils ne prennent plus de verre de vin, même plus de café. Ça tire vers le bas au maximum
“, explique-t-il, en comptant minutieusement les dizaines de pièces jaunes qui ont servi à payer un panaché. […]