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Le « Blood Quantum », pourcentage minimum de sang déterminant l’« indianité », a été imposé par les autorités américaines à la fin du XIXe siècle dans le but de recenser les « vrais » Amérindiens.

Les Indiens sont toujours là, mais ils font face à une menace existentielle, dont le grand public a pris conscience à l’occasion de la controverse sur l’ascendance d’Elizabeth Warren, la sénatrice démocrate qui s’est déclarée en partie cherokee. Piégée par Trump, qui l’a surnommée « Pocahontas », Mme Warren a cru s’en sortir en publiant l’analyse de son ADN. […]

La polémique a eu le mérite de mettre sur le devant de la scène la question : qui est indien ? Comment devient-on membre d’une tribu ? Les Américains ont découvert que les règles peuvent varient. Chez les Cherokees, la nation la plus nombreuse (320 000 personnes), la descendance matrilinéaire suffit. La plupart des autres tribus requièrent un « blood quantum » minimum : c’est la part de sang indien qui figure sur le Certificate of degree of Indian blood, le document qui fait office de carte d’identité tribale. Un système qui fait dire aux critiques que les Indiens sont « les seuls, avec les chiens et les chevaux de course », à être définis par la composition de leur sang.

Le système de « blood quantum » est un héritage de la colonisation. Le gouvernement américain voulait allouer des terres aux natives avec l’espoir de faire d’eux des agriculteurs, et l’intention, surtout, de récupérer le surplus foncier pour les colons européens. L’Allotment Act de 1887 (ou Dawes Act) a octroyé 160 acres (65 hectares) aux familles et 80 aux individus (ce qui a amputé le territoire indien des deux tiers en trente-cinq ans). Pour prouver l’« indianité » des populations, les fonctionnaires ont établi des registres, plus ou moins précis. Ce sont ces reliques qui forment la base des listes d’enrôlement des tribus, encore aujourd’hui. […]

Le Monde

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